Béji Caïd Essebsi : «Les islamistes d’Ennahdha m’ont trahi»
Par Sadek Sahraoui – Le président de la République tunisienne, Béji Caïd Essebsi (BCE), a révélé au cours d’un entretien diffusé, lundi soir, sur la chaîne de télévision El-Hiwar Ettounsi que ses relations avec le mouvement Ennahdha ont été rompues à sa demande, regrettant l’ingratitude du parti islamiste à son égard. «J’ai compris leur message suite à leur souhait de garder Youssef Chahed. Moi, j’ai milité pour ne pas écarter Ennahdha et j’ai payé le prix de ce choix», a-t-il souligné. Le chef de l’Etat tunisien ne dit cependant pas en quoi le parti dirigé par Rachid Ghannouchi l’a déçu ou trahi.
BCE a juste précisé que son seul souci était de sortir le pays de l’impasse, se félicitant d’avoir choisi Youssef Chahed qui assume «bien ses responsabilités». Le président tunisien a tout de même donné un conseil à Youssef Chahed lui recommandant de faire attention à son entourage et l’exhortant à réorganiser rapidement la relance d’un gouvernement d’unité nationale.
Il confirme donc à demi-mot que la pomme de discorde avec ses partenaires islamistes à un rapport avec Youssef Chahed qui reste opposé à tout remaniement gouvernemental, comme l’exigent les syndicalistes de l’UGTT. BCE suggère que le chef du gouvernement tunisien a été coopté par les islamistes d’Ennahdha dans la perspective, probablement, d’en faire le successeur de Béji Caïd Essebsi. Cette séquence donne raison aux observateurs en Tunisie qui soutiennent que les manœuvres en vue de la prochaine présidentielle ont commencé et qu’Ennahdha veut s’emparer de la présidence de la République.
Ennahdha a réagi aussitôt aux propos du président tunisien, précisant qu’il n’a pas coupé les ponts avec le président Béji Caïed Essebsi. Le porte-parole du parti islamiste, Imed Khémiri, a ainsi assuré la disponibilité des nahdhaouis à «poursuivre la gestion consensuelle du pays afin de réussir la transition démocratique». «Il existe un réel problème qui se pose avec acuité» a toutefois reconnu Imed Khémiri, soulignant dans une déclaration à radio Mosaïque FM qu’Ennahdha a appelé au dialogue pour le surmonter.
Le responsable au sein du mouvement Ennahdha a réitéré la position de son parti «en faveur de la stabilité du gouvernement pour l’intérêt du pays» et mis en avant «la volonté des nahdhaouis de veiller au consensus».
S. S.
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