Disparus et harkis : comment la France veut se défausser sur l’Algérie
Par R. Mahmoudi – Dans une interview accordée au quotidien de droite Le Figaro, et parue mercredi, la secrétaire d’Etat française auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, a exprimé son souhait de se rendre en Algérie au début de l’année 2019 pour discuter avec les responsables algériens des dossiers inhérents à la mémoire, dont celui des «disparus» pendant la Guerre de libération, et parvenir à «un acte de vérité» afin de réconcilier les mémoires «qui resteront différentes, mais qui pourront se parler, se côtoyer».
Sur la question des disparus, la secrétaire d’Etat rappelle que 1 500 civils et 500 militaires français «n’ont jamais été retrouvés», en disant souhaiter que «les choses avancent» mais sans expliquer de quelle façon le gouvernement algérien peut aider les Français, ni à quel titre. Elle se contente de dire qu’«il faut qu’on se mette d’accord sur une méthode».
Cela dit, cette célérité avec laquelle le gouvernement français s’est engagé sur cette question des disparus durant «la Guerre d’Algérie» cache mal sa volonté de se défausser sur l’Algérie, en lui faisant porter une part du passif que traîne la France coloniale, après avoir osé reconnaître, pour la première fois dans l’Histoire, la responsabilité de l’Etat français dans la disparition et la mort du jeune mathématicien Maurice Audin, en assumant, au passage, l’usage systématique de la torture dans les lieux de détention durant la période de la guerre. Car, tacitement, le fait de demander à l’Algérie de l’aider à retrouver des disparus français reviendrait pour les Algériens à reconnaître la responsabilité du FLN/ALN dans la disparition d’au moins une partie d’entre eux et, par extension, dans des exactions systématiques commises, notamment, à l’encontre des anciens supplétifs à la veille de l’indépendance.
Sur la question des harkis, justement, la secrétaire d’Etat française vante, dans la même interview, les mesures prises en faveur de cette catégorie d’anciens supplétifs algériens de l’armée coloniale harkis et leurs familles, dont une enveloppe supplémentaire de 40 millions d’euros, en estimant qu’«on fait un mauvais procès à la France en disant que rien n’a été fait».
R. M.
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