L’opposition veut faire prendre à l’Algérie le risque d’une vacuité institutionnelle
Par H. B. – Quelques partis et personnages de l’opposition ont encore une fois fait étalage de leur «vision» pour une Algérie qu’ils voudraient différente de celle d’aujourd’hui. Les intervenants à la fête d’anniversaire du parti de Soufiane Djillali, Jil Jadid, auraient certainement gagné en crédibilité s’ils avaient adopté un discours plus proche des préoccupations de la société réelle. Annonçant, tour à tour, leur opposition radicale au pouvoir en place, tous les intervenants à la «fête» politique de Jil Jadid ont déroulé ce qu’ils croient être des arguments béton à même de convaincre toute l’opinion nationale de la justesse de leur «combat».
De Soufiane Djillali jusqu’à Mustapha Bouchachi, en passant par Ali Benouari, le discours était dur, mais manquait franchement de sérieux. Affichant le slogan qui lui a valu sa médiatisation et son siège au sein de la CLTD, le patron de Jil Jadid réédite l’erreur de son ancien mentor, Noureddine Boukrouh, et fait dans l’élitisme stérile en évoquant «la catégorie (de la société) qui comprend mieux les enjeux actuels», comme principal moteur du changement. Comme si l’Algérien lambda était déjà hors course. Soufiane Djillali prend donc un raccourci et pense pouvoir changer les choses, sans avoir à convaincre le peuple. Une attitude loin de constituer un quelconque «programme politique». Le président de Jil Jadid ne propose aucune alternative et appelle au départ du pouvoir en place, sans aucune garantie de remplir le vide que laisserait le système. Une posture politique plus proche des discussions de café que d’une stratégie sérieuse. Il appelle, pour se rattraper, à un «programme de transition» et, prononçant cette expression, on sent le creux dans le discours et l’intention. En fait, le leader de Jil Jadid semble prêt à faire prendre à l’Algérie le risque d’une vacuité politique et institutionnelle. Aucun Algérien ne marcherait sur la base de slogans vides de sens.
Soufiane Djillali enfonce le clou en présentant Rachid Nekkaz comme un homme politique digne de jouer un rôle sur la scène nationale. Le patron de Jil Jadid qui doit savoir, à l’instar de tous les Algériens, que Nekkaz n’est rien d’autre qu’un agitateur sans profondeur et tout juste bon à faire du spectacle de bas niveau, ne pourrait pas lui accorder du crédit et espérer retenir l’attention des électeurs nationaux. Pareille «gaffe» relève du pur amateurisme politique de la part d’un leader qui prétend «renverser pacifiquement» le régime en place. L’erreur de Sofiane Djillali n’a d’égale que l’argumentaire fallacieux d’Ali Benouari qui accuse le gouvernement de tous les maux de la terre et oublie que son propre programme électoral en 2014 était de l’ultra-droite.
Benouari, élitiste parmi les élitistes, a fait sa fortune sur le modèle de la financiarisation tous azimuts de l’économie et comptait l’appliquer aux Algériens. En développant un discours populiste devant une assistance déjà acquise, il montre en fait une limite inquiétante pour un homme qui a prétendu à la magistrature suprême. Tous les autres intervenants, à l’image d’Ahmed Benbitour, qui a noyé l’assistance de chiffres pour annoncer la fin de l’Algérie, semblaient bien plus préoccupés à s’entendre mutuellement qu’à développer une alternative sérieuse contre le pouvoir.
Cette partie de l’opposition, surmédiatisée, n’apporte en réalité aucun élément de débat probant susceptible de faire avancer les choses ou encore d’amener l’opinion nationale à considérer l’hypothèse d’une alternative au système en place. Les personnalités qui ont fêté le 10e anniversaire de Jil Jadid ont tout simplement contribué à conforter l’idée que se fait l’Algérien de l’opposition, à savoir qu’elle est encore au berceau.
H. B.
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