Belabbas : «Les clans cherchent un successeur de façade à Bouteflika»
Par R. Mahmoudi – Dans une interview à l’agence allemande DPA, le président du RCD, Mohcine Belabbas, estime que le pouvoir cherche à pousser le président Bouteflika à briguer un cinquième mandat «mais en cas d’imprévu qui viendrait compliquer l’état déjà précaire du Président, dit-il, les clans au pouvoir seraient contraints de désigner une façade qui puisse leur assurer le maintien du contrôle du pays».
Dans le même sillage, le chef de file du RCD prévoit «une parfaite parodie au printemps 2019, avec des concurrents peu crédibles face au candidat des clans du pouvoir, avec ou sans Bouteflika, pour renvoyer une belle image à l’opinion internationale», souligne-t-il, tout en écartant une éventuelle candidature du chef d’état-major de l’ANP, le général Gaid-Salah, ou celle d’Ahmed Ouyahia ou du frère du président, Saïd Boueflika.
En revanche, le pouvoir, en guise de candidat de substitution, pourrait recourir à une personnalité oubliée et à laquelle personne ne s’attendrait. «Le régime algérien nous a tellement habitués à nous sortir des noms inattendus. Qui s’attendait à ce qu’un Chadli Bendjedid succédât à Houari Boumediene ou à ce qu’un Bouteflika succédât à Zeoual ?» s’interroge Belabbas.
Dans un autre registre, le président du RCD ne croit pas que les derniers changements survenus dans les corps de sécurité visent à «anticiper un coup d’Etat». «L’ère des coups d’Etat est révolue», juge Mohcine Belabbas qui y voit un mouvement ordinaire exploité par le pouvoir pour faire peur aux populations civiles, en les dissuadant d’organiser des manifestations hostiles au cinquième mandat.
Par ailleurs, Belabbas accuse le pouvoir d’instrumenter certaines positions litigieuses avec la France, comme la question des harkis, «pour paraître comme le grand défenseur de la souveraineté nationale».
Interrogé sur la polémique suscitée par les propos de l’ex-ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, le chef du RCD considère que l’absence de réaction officielle «dénote une volonté de ne pas amplifier le tapage médiatique autour de l’état de santé du Président», et que ce qu’a dit le diplomate français est connu de tous les Algériens. «Nous savons tous qu’il est incapable même de parler», assène-t-il.
R. M.
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