Contribution de Bachir Medjahed – Aidez-nous à détruire votre pays !
Par Bachir Medjahed – Entre l’ennemi découvert à l’intérieur et celui découvert à l’extérieur, les Occidentaux ne savent plus où combattre. A quelle distance de leurs frontières porter le feu ? Sur quel territoire arabe faudrait-il concentrer le feu ? Quel pays faudrait-il ménager ?
Il n’y a pas une guerre collective occidentale contre un pays arabe qui n’a pas reçu la caution d’au moins un pays arabe. Quand une agression n’obtient pas la caution onusienne, comme en mars 2003, elle obtient une caution régionale arabe par le biais de celui qui met son territoire à disposition des forces de la «coalition». Pourtant, la Charte de la Ligue arabe «exige» que tous les pays arabes soient solidaires d’un Etat membre qui est agressé. L’Etat qui a brisé cette solidarité invoque un contrat militaire signé avec les Etats-Unis. La leçon à en tirer ? Un contrat de défense signé avec les Etats-Unis est supérieur à tout contrat signé entre les pays arabes.
Il y a même une course de certains pays arabes à qui servira de relais ou de pivot de l’architecture internationale américaine. «Laissez-nous détruire votre pays et nous ne le reconstruirons !» Ou alors : «Aidez-nous à détruire votre pays et nous le reconstruirons !» Mieux encore : «Détruisez vous-même votre pays et nous le reconstruirons !» Ce sont les trois logiciels américains de guerre contre un pays arabe.
Chaque pays arabe croit que cela n’arrive qu’à son frère de voisin.
Dans les nouvelles guerres, ce sont les populations civiles qui en subissent les affres. Réfugiées en masse, handicapées en masse, assassinées en masse, affamées en masse. Les guerres commencent par les bombardements des populations, des immeubles d’habitations et les usines qui donnent de l’emploi aux pauvres. Ceux qui bombardent à partir du ciel sont les grandes puissances occidentales, bien démocrates, bien développées, industrialisées, riches, nucléaires. Les bombardées sont les populations pauvres, car les riches sont déjà partis avant que cela ne commence. On comprend alors pourquoi nos riches aiment les banques étrangères.
Il n’y a pas une coalition occidentale contre un pays arabe qui n’a pas reçu l’appui d‘au moins un seul pays arabe.
Les militaires occidentaux ne rencontrent plus les militaires des pays ciblés. En haut, ce sont les forces aériennes occidentales qui occupent l’espace ; en bas, les forces indigènes qui s’entretuent. On crée une opposition, on lui fournit des armes et on reconnaît le gouvernement provisoire parallèle à celui qui est en place.
Y a-t-il des critères pour justifier les bombardements, pour opérer des interventions militaires ? Les Européens y ont réfléchi. Il faut d’abord une légitimité. Celle-ci est exprimée par le Conseil de sécurité de l’ONU. Si elle ne l’est pas, on s’en passe. Des fois, il suffit qu’une des parties au conflit crie au secours. L’intervention en est légitimée de facto. Si elle ne l’est pas, il faut créer une opposition et lui demander de solliciter une intervention militaire. Pourquoi alors s’interdire de consulter les populations qui vont recevoir les bombes sur la tête ? Si pareille démarche n’est pas prévue comme obligation, qu’au moins l’éthique morale devrait le recommander.
Si le premier critère n’est pas satisfait, il y a un autre pour le remplacer. La légalité. Or, celle-ci interdit les ingérences. Ce principe est dépassé par le droit d’ingérence humanitaire. Les frontières ne protègent pas les «tyrans». Ça marche à tous les coups.
En ethnicisant les clivages, en en créant d’autres sur une base confessionnelle, ces puissances détruisent la cohésion nationale qui constitue le meilleur espace de défense et de mobilisation contre toute menace et, fatalement, c’est l’unité de l’armée qui va se briser alors qu’elle reflète l’unité nationale et qu’elle en est même la garantie. L’Irak en est un exemple.
Qui doit s’acquitter des factures de réparation ?
B. M.
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