Contribution – «La France nous prépare une seconde guerre d’Algérie ?» (I)
Par Kaddour Naïmi – C’est le commentaire d’un lecteur concernant une contribution à peine publiée (1). Comme quoi, il ne faut pas être «expert» en géostratégie pour comprendre la réalité ; il suffit de raisonner de manière logique, sans préjugés, en ayant en vue les seuls intérêts du peuple.
Des faits concrets à méditer
Proposons donc aux lectrices et aux lecteurs les faits suivants, les invitant à réfléchir de manière personnelle.
Une contribution intitulée «Les harkis et l’Algérie : aucune conciliation envisageable ?» (2) est parue un jour après celle titrée «Pour en finir avec les harkis de la France coloniale». Coïncidence ? Dans le texte parlant de «conciliation», il semble que l’auteure n’a pas lu la seconde contribution, ou l’a estimée sans intérêt. Pourtant, cette dernière envisageait non pas une «conciliation» mais une considération concernant les harkis : qu’ils reconnaissent publiquement leurs crimes et s’en repentent auprès des familles de leurs victimes. Or, voilà que l’auteure parlant de «conciliation» présente aux lecteurs les mêmes «arguments» déjà répétés par d’autres, désormais éculés : en substance, les harkis auraient été en majorité uniquement de pauvres bougres, économiquement démunis et culturellement dépourvus, trompés ou contraints par les autorités coloniales à devenir les bourreaux de leur peuple. Soit ! Il reste, alors, à répondre à deux questions. La première : si c’était ainsi, qu’attendent encore ces harkis pour le déclarer publiquement et, encore une fois, exprimer un sincère repentir ? Seconde question : comment expliquer que d’autres «pauvres bougres», se trouvant dans les mêmes conditions économiques et culturelles ont, eux, opté pour le contraire : combattre avec leur peuple, au risque de la torture et de l’assassinat par l’armée coloniale ?
Le problème des harkis a connu ultérieurement une mise en avant médiatique de la part, soulignons-le, des autorités françaises actuelles, sinon des organes de (dés)information de masse que les membres de l’oligarchie contrôlent. Pourtant, l’Etat algérien avait clairement déclaré, depuis longtemps, que la question des harkis n’était qu’un problème franco-français.
On a lu que parmi les terroristes djihadistes se trouvaient un nombre consistant d’enfants de harkis. Or, seuls les ignorants et les naïfs ignorent que les djihadistes sont la créature directe des services secrets britannique (MI6) et états-uniens (CIA). Version néocoloniale du harkisme de la période coloniale française en Algérie. Ecartons un éventuel malentendu. Cette observation ne vise à culpabiliser en aucune manière les enfants de harkis, mais simplement à fournir un fait objectif sur lequel méditer et chercher quelle conclusion logique en tirer.
Quelques rappels historiques. Au Liban, en Irak, dans l’ex-Yougoslavie, en Albanie, en Syrie, les troubles sociaux ont toujours commencé par l’apparition de clivages d’ordre religieux (chrétiens contre musulmans, sunnites contre chiites, Serbes chrétiens contre Croates musulmans) ou ethniques (Druzes contre Arabes, Arabes contre Kurdes, Serbes contre Croates, etc.) Là aussi, seuls les ignorants et les naïfs ignorent que les minorités ethniques ou religieuses étaient manipulées, toutes, sans exception, par les mêmes MI6 et CIA.
Algérie, domaine religieux. Tout le monde constate l’action de la minorité de salafistes contre la majorité des Algériens, jugés par les premiers comme «mécréants». Or, ces salafistes sont formés et financés par l’oligarchie saoudienne et qatarie. Et celles-ci sont l’organisation étatique harkie de l’oligarchie états-unienne, puis devenues les «amies» de l’oligarchie sioniste israélienne.
Encore Algérie, cette fois-ci dans le domaine ethnique. Au sein du MAK sont nées et se manifestent des expressions de sympathie et de soutien pour le sionisme, accompagnées de mépris pour les Palestiniens, accusés d’être des «Arabes bédouins», en rappelant avec insistance qu’un mufti palestinien des années 1940 fut un sympathisant nazi. Ajoutons que le leader du MAK s’est rendu en Israël, non pas pour rendre visite aux Palestiniens, mais aux représentants de l’Etat colonial sioniste.
Autre rappel historique. Suite aux accords de «paix» entre les Etats israélien et égyptien s’était constitué ce qu’on appela le «Front du refus» contre cette abdication au détriment de la lutte de libération nationale du peuple palestinien. Faisaient partie de ce front l’Irak, la Libye, la Syrie et l’Algérie. Que s’est-il passé ensuite ? Les deux premiers Etats ont été éliminés, leurs chefs assassinés, leur pays occupé, leurs ressources naturelles accaparées. Par qui ? Par les oligarchies gérant les nations suivantes : Etats-Unis, Grande-Bretagne, France. Autrement dit, une oligarchie impérialiste et deux oligarchies ex-coloniales, à prétention néocoloniale. Conclusion : du Front du refus, le troisième pays, la Syrie, à la surprise des trois oligarchies mentionnées, résiste, avec l’aide, certes, de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais. Et reste le quatrième et dernier pays qui n’a pas encore été ouvertement agressé par les trois oligarchies évoquées : l’Algérie.
Autre rappel historique. Durant la décennie sanglante, l’armée algérienne avait demandé le concours des services satellitaires des Etats-Unis pour contrôler les mouvements des groupes terroristes algériens. No! fut la réponse du gouvernement des Etats-Unis. Quant au gouvernement britannique, il constituait la base de propagande, de préparation et de repli pour les terroristes algériens. Et le gouvernement français ne brilla pas par une collaboration avec l’effort de guerre algérien contre le terrorisme intérieur.
Le gouvernement des Etats-Unis, après le refus de collaboration signalé ci-dessus, dernièrement, demanda à l’Etat algérien, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, de l’autoriser à établir une base militaire et de surveillance à Tamanrasset. Les responsables étatiques algériens ont refusé. La base états-unienne fut construite dans le nord du Niger, à environ trois cents kilomètres de la frontière algérienne méridionale. Et la surface couverte par le dispositif de surveillance états-unien englobe une partie consistante du Sud algérien.
Les autorités françaises ont tout fait pour impliquer l’armée algérienne dans son action au sud du Sahara, sous prétexte, là encore, de combattre le «terrorisme». Cependant, les responsables algériens ne sont pas tombés dans le piège de consentir à l’armée algérienne de jouer les supplétifs (harka) de l’armée française d’occupation.
Le mouvement migratoire provenant d’Afrique subsaharienne va en masse en Algérie mais relativement très peu au Maroc et en Tunisie. Pure coïncidence ?
K. N.
(Suivra)
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