Finances : l’ancien ministre Benkhalfa critique la «boulimie» du gouvernement
Par Hani Abdi – Pour l’ancien ministres des Finances Abderrahmane Benkhalfa, la trajectoire des dépenses de l’Etat n’est pas rassurante pour l’avenir du pays. Bien au contraire.
Benkhalfa avertit contre les conséquences de la boulimie du gouvernement, traduite par un projet de loi de finances de plus de 8 000 milliards de dollars, soit une augmentation d’un tiers par rapport à 2016. Abderrahmane Benkhalfa, qui s’est exprimé aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, estime que cette importante hausse de la dépense publique pourrait être supportable durant l’année prochaine, mais pas en 2020.
Selon lui, le prix du baril du pétrole à plus de 80 dollars est conjoncturel. Et d’après lui, il n’est pas rationnel d’augmenter les dépenses et de prendre à nouveau le risque de creuser le déficit dans un contexte économique mondial crisogène. L’ex-ministre des Finances avertit donc contre les conséquences de cette politique dépensière qui risque ainsi de laisser filer l’inflation. «L’Algérie va dépenser en 2019 plus que ce qu’elle engrangera. Le déficit va être énorme et ce n’est pas bon pour l’économie», lance-t-il encore, déplorant le fait que «c’est toujours la dépense publique qui alimente la vie économique».
Abderrahmane Benkhalfa craint ainsi un retour à la situation de 2014. «Ce qu’il faut dire aussi, c’est que ce budget qui ne prévoit pas d’autres rentrées nouvelles en dehors des rentrées fiscales nous fait revenir à la dépendance», fait-t-il remarquer, espérant ainsi un redressement de la trajectoire financière du pays. «Si vrai que la fiscalité pétrolière augmente, c’est bon. Mais la fiscalité ordinaire reste limitée. L’assiette de cette fiscalité n’est pas développée», précise-t-il. «Sur le plan des signaux économiques, de l’aménagement, de l’environnement économique, des ajustements structurels, sur le plan des réformes structurelles, nous constations qu’il n’y a pas de signaux dans ce projet de loi de finances», affirme Benkhalfa, qui appelle au développement des activités économiques, notamment les services qui sont en jachère, selon lui. Car la dynamique économique reste adossée à la dépense publique, laquelle est impactée par la fluctuation des prix du pétrole.
Abderrahmane Benkhalfa regrette le manque d’attractivité économique du pays, liée au climat de l’investissement qui mérite, selon lui, d’être davantage assaini.
H. A.
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