L’écrivaine égyptienne, Nawal al-Saâdawi : «J’ai vu Hillary Clinton distribuer des dollars sur la place Tahrir»
Par Sadek Sahraoui – Dans une vidéo postée cette semaine sur le net dans laquelle elle revient sur le «printemps égyptien», l’écrivaine égyptienne, Nawal al-Saâdawi assure avoir vu en 2011 l’ancienne secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, distribuer des dollars aux manifestants au Caire, sur la place Tahrir. «Je me souviens avoir vu Hillary Clinton personnellement sur la place Tahrir entrain de distribuer des dollars … à des jeunes pour qu’ils portent les Frères Musulmans au pouvoir», déclare-t-elle tout en se disant ne pas comprendre pourquoi les Etats-Unis ont tenu à tout prix à donner les leviers du pouvoir égyptien aux islamistes.
«Pourquoi les États-Unis se soucient-ils de nos élections ? Pourquoi se soucient-ils de l’élection des Frères musulmans en Égypte ? Les gens ne voulaient pas des Frères musulmans, ils les haïssaient lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir après des élections soi-disant équitables», s’est-elle interrogée tout en assurant que même aux Etats-Unis où elle dit avoir vécu 20 ans, les élections équitables n’existent pas.
L’enregistrement vidéo de Nawal Al-Saâdawi a suscité une vive controverse sur Internet et a donné un nouveau souffle aux nombreuses thèses ayant soutenu que le monde arabe avait été en vérité victime d’un complot en 2011 et que le printemps arabe est une invention des Occidentaux.
Nawal Al Saâdawi qui est également pneumologue, est née le 27 octobre 1931, près du Caire. Médecin psychiatre et féministe, elle a été emprisonnée en 1981 pour s’être opposée à la loi du parti unique sous Anouar el-Sadate. Son livre Mémoires de la prison des femmes relate cet épisode. Libérée sous Moubarak, elle fonde en 1982 l’Association arabe pour la solidarité des femmes qui est interdite en 1991. Ses œuvres sur la condition de la femme, sur l’intégrisme religieux et sur les brutalités policières lui valent d’être poursuivie et contrainte à plusieurs reprises à l’exil. Mais elle revient ensuite en Égypte.
Elle a, entre autres, remporté le Prix Nord-Sud du Conseil de l’Europe en 2004, et, en 2012, le Prix Sean McBride du Bureau international de la paix en Suisse.
S. S.
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