L’Espagne accuse : le Maroc a laissé volontairement des migrants se noyer
Par Sadek Sahraoui – Les autorités marocaines ont annoncé, mardi 2 octobre, avoir repêché les corps de plusieurs migrants morts noyés après le naufrage, lundi, de leur embarcation au large du Maroc. «Une embarcation transportant des migrants s’est retrouvée en difficulté, lundi, au large de Nador, dans le nord-est du royaume», ont-elles affirmé, sans toutefois préciser les circonstances du drame. Elles ont ajouté que «32 subsahariens [avaient] été sauvés, 11 corps […] repêchés.»
Mais pour des ONG, le bilan de la tragédie est plus lourd, reprochant à Rabat de cacher la vérité. L’association d’aide aux migrants Caminando Fronteras a évoqué sur les réseaux sociaux un bilan de 34 morts. Helena Maleno, membre espagnole de cette ONG, a écrit mardi matin sur Twitter : «Tragédie, 34 morts, dont un bébé, d’une embarcation de fortune avec 60 personnes à bord qui, avant-hier, sombrait face au Maroc.»
La version des autorités marocaines est également remise en cause par la presse espagnole qui les accuse d’avoir volontairement laissé les migrants se noyer. Plusieurs titres ont d’ailleurs rapporté des témoignages des garde-côtes espagnols qui assurent qu’ils ont prévenu les Marocains qu’une embarcation était en difficulté dans leur zone et leur ont même proposé de l’aide. Mais Rabat n’a donné aucune réponse aux sollicitations des garde-côtes espagnols. Si cette version se confirme, il pourrait alors s’agir d’un cas de non-assistance à personnes en danger.
Les ONG de défense des droits des migrants assurent de leur côté aussi que les migrants avaient demandé de l’aide pendant «vingt-quatre heures» mais que personne n’est venu à leur secours. Ces accusations interviennent au lendemain d’un autre drame qui a suscité une vive émotion au Maroc et qui renseigne sur les méthodes inhumaines employées par le Makhzen pour lutter contre le phénomène de l’immigration clandestine.
La marine royale marocaine a ouvert le feu le 25 septembre sur une embarcation de migrants en Méditerranée qui refusait de répondre à ses sommations, faisant un mort, une Marocaine de 22 ans, et trois blessés. Le régime marocain a eu beau plaider que ces déplacements se font dans le «respect de la loi», les associations continuent de dénoncer des violences et l’absence de cadre légal concernant ces pratiques. Mi-août, deux migrants sont morts après avoir sauté du bus qui les éloignait de Tanger. Amnesty International a souligné une «répression choquante», «à la fois cruelle et illégale».
S. S.
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