Contribution – Cette raison pour laquelle l’union maghrébine ne réussira pas
Par Bachir Medjahed – Il s’en était peut-être fallu de peu pour que les pays du Maghreb admettent que l’on dise dans les deux langues amazighe et arabe que c’est la géographie qui fournit ses déterminants à la géopolitique. Ce serait évidemment bien une chance que soit prise en compte la continuité territoriale pour la fatale mise en évidence que la tendance va vers la constitution d’une union qui efface les frontières nationales au profit d’une frontière internationale périphérique. Cet ensemble ainsi créé et auquel on donnera un nom unificateur qui rendra compte de ses atouts géostratégiques sera délimité par des frontières internationales terrestres, maritimes et aériennes.
Ainsi, naturellement, cet ensemble sera doté d’une politique extérieure commune et d’une politique de défense commune. Des organismes supranationaux sectoriels veilleront à la cohérence du développement.
Pourquoi les pays européens ont-ils invoqué un espace géographique sur lequel ils fondent leur union alors que nous autres en sommes à nous regarder en chien de faïence ? Pourquoi les pays européens construisent-ils l’Union européenne (de même nom), parlent-ils d’institutions européennes, alors que nous autres voulons fonder cette union sur la base d’une langue et d’une religion dominante, excluant d’autres cultures et d’autres langues ?
L’Irak a abordé son invasion par les forces coalisées avec ses divisions ethniques et confessionnelles et même avec une certaine bienveillance de la part des Kurdes et des chiites qui attendaient depuis longtemps une telle opportunité, c’est-à-dire un événement qui amènera la chute de Saddam.
C’est la poursuite de la violence en Irak et l’amorce de son implantation en Syrie et en Libye, couplées à l’échec de toutes les démarches politiques que traduisent les contestations des élections, qui placent encore plusieurs pays arabes dans une situation de double impasse, à la fois militaire et politique.
Avec ces divisions ethniques (ou culturelles), personne ne peut croire qu’il peut y avoir une montée en puissance de l’irakisation de la sécurité car dans ce pays, les fractures sont loin de se souder. Elles mettront beaucoup de temps pour se souder et peut-être même que cet objectif ne sera jamais réalisé et que l’Irak ira soit vers la partition, soit vers une fédéralisation. La Libye poursuit le même chemin.
Cinq composantes diverses de la violence
Il y a celle qui se traduit sous la forme d’une résistance à l’occupation étrangère. Il y a celle qui est intégrée dans une stratégie de positionnement pour le futur car il est escompté que la capacité de nuisance mise en évidence fera de son propriétaire un acteur incontournable. Il y a celle qui est liée à la nouvelle donnée d’un conflit inter-ethnique. Il y a également celle que les Américains ainsi que le gouvernement en place en Irak ont qualifiée de rébellion, c’est-à-dire une violence illégitime contre un gouvernement légitime car élu. Il y a aussi celle qui est attribuée à Al-Qaïda et il y a enfin celle qui est une synthèse de celles citées précédemment qu’on appellera peut-être Daech.
La lutte menée sur le plan strictement militaire ne peut donc pas aboutir à éteindre ce qu’on appelle la violence car celle-ci est fondée sur des motivations politiques distinctes.
Ces motivations peuvent-elles réellement être prises en charge dans le cadre des élections ? La contestation des élections législatives atteste que même les élections ne constituent pas la solution dans la mesure où s’expriment des divergences ethniques qui sont incompatibles avec une logique démocratique qui exige que les électeurs ainsi que les élus réfléchissent «irakien» et non en termes d’appartenance communautaire.
Le système majoritaire dans les circonstances d’enjeux ethniques donnera une majorité à une ethnie qui disposera de pouvoirs sur les autres ethnies, ce qui sera inacceptable pour ces dernières.
M. B.
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