Les Français «d’en bas» empêchés d’assister aux funérailles d’Aznavour
Par Lina S. – Dépités, indignés, déçus. Les Français «d’en bas» n’ont pas été autorisés à accéder à l’esplanade des Invalides où se tiennent les funérailles solennelles du chanteur universel Charles Aznavour. La cérémonie a été organisée par l’Elysée et les convives triés sur le volet parmi la classe politique et le gotha du showbiz français.
La récupération politicienne de la mort du grand chanteur aimé de tous est flagrante. Le président Macron a voulu faire de cette disparition un événement éminemment politique dans ces moments de grands doutes sur son bilan dans une France qui périclite. Ils sont tous venus, ils sont tous là aux funérailles grandioses de l’auteur de La Mama, qui part ainsi sans que ses millions d’admirateurs puissent lui rendre un dernier adieu. La France «d’en haut» a pris le dessus et a fermé le portail des Invalides aux citoyens lambda car, pense-t-on, chez Macron et ses invités de marque, parmi lesquels ses prédécesseurs Sarkozy et Hollande, ce rendez-vous devra être celui du gain de points dans les sondages.
Le protocole excessif avec lequel les dirigeants politiques français ont entouré l’hommage rendu au fils de réfugiés arméniens ayant fui les massacres de 1915 contraste avec le caractère populaire du chanteur et sa modestie légendaire. Charles Aznavour était le chanteur des pauvres, car il en fut un. Il est resté fidèle à ses origines arméniennes et racontait fièrement sa rencontre avec l’autre fille de la rue, l’immortelle Edith Piaf, devenue elle aussi l’icône de la variété française dont la voix portait hors des frontières françaises jusqu’à parvenir aux oreilles des admirateurs dans les contrées les plus reculées de ce monde.
En Algérie, le grandiose hommage populaire rendu à Amar Ezzahi trahit l’immense contraste qui sépare une France républicaine dans la forme, mais royaliste dans l’âme, de l’Algérie dont le peuple voue un respect incommensurable à ses enfants qui l’ont chanté et enchanté tout en demeurant à ses côtés, partagent ses joies et ses peines.
D’ailleurs, les commentateurs français n’ont pas manqué de relever l’absence de tout hommage officiel à la grande figure du théâtre français, Jean Piat, mort et enterré en septembre dernier sans qu’aucune personnalité politique ait assisté à ses funérailles. C’est que dans la bourse des points dans les sondages et des voix pour l’accès au palais, la cote de Charles Aznavour est plus élevée et l’exhibition près de sa dépouille plus fructueuse.
L. S.
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