Le parti islamiste tunisien Ennahada sur les traces de l’ex-FIS ?
Par R. Mahmoudi – Après avoir réussi à s’intégrer dans le jeu pluraliste et démocratique, en entretenant une image de mouvement modéré et en rupture avec l’idéologie islamiste qu’il a fondé, Ennahda s’est vite révélé sous son vrai visage. La découverte récemment d’une organisation secrète activant en son sein, selon le modèle connu de la confrérie des Frères musulmans depuis sa création par Hassan El-Banna en 1923, a tout d’un coup changé les regards de la classe politique et de l’opinion publique tunisiennes vers ce parti islamiste.
Cette organisation paramilitaire à la solde de Rached Ghannouchi est soupçonnée d’avoir, notamment, planifié l’assassinat en 2013 de deux anciens dirigeants du Front populaire, Choukri Belaïd et Mohamed Brahmi, alors que l’enquête n’est qu’à son début. Ainsi, les documents révélés il y a quelques jours par des avocats en charge du dossier de l’assassinat des deux leaders du parti de gauche, le Front populaire, confirment l’existence d’une organisation secrète au sein du mouvement Ennahda, conduite par un certain Mostefa Khidr, impliqué dans l’assassinat des deux hommes politiques. Plus grave encore, des opposants tunisiens accusent le responsable de cette organisation ainsi que le président du mouvement, Rached Ghannouchi lui-même, d’avoir reçu des financements de l’étranger et demandent l’ouverture d’une enquête sur cette question.
Choqués par ces révélations, de plus en plus de Tunisiens réclament la dissolution du mouvement Ennahda, parmi lesquels la veuve de Choukri Belaïd et les responsables du Front populaire.
Cette situation rappelle en Algérie le cas du FIS dissous, à l’époque où il activait en toute légalité. Des événements avaient révélé l’existence en son sein d’une organisation paramilitaire composée d’anciens d’Afghanistan et dont la mission était d’instaurer la terreur dans la société et de mener des attaques contre les forces de sécurité.
L’attaque de la caserne de Guemmar, le 29 novembre 1991, un mois avant le premier tour des élections législatives, achevait de dévoiler la nature violente de ce parti, avant même l’interruption du processus électoral.
R. M.
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