Pékin met au secret le directeur d’Interpol
Après un silence radio de plusieurs jours, la Chine a daigné enfin communiquer hier sur la mystérieuse disparition du président d’Interpol, le Chinois Meng Hongwei que tout le monde recherche et qui suscite la stupéfaction de la communauté internationale.
L’Office chinois de lutte contre la corruption a annoncé, tard dans la nuit dimanche, que Meng Hongwei faisait l’objet d’une enquête pour violations présumées de la loi. Autrement dit, le directeur d’Interpol a été arrêté par Pékin. Le sort réservé au patron de l’organisation internationale de police, qui a son siège à Lyon, n’est pas clair pour autant. On ne sait toujours pas où il se trouve. D’après le South China Morning Post, un quotidien hongkongais, Meng Hongwei, âgé de 64 ans, a été intercepté par les autorités chinoises dès son atterrissage dans l’empire du Milieu, la semaine dernière, pour être interrogé. Très alarmée, sa femme a indiqué jeudi à la police française ne pas avoir de ses nouvelles depuis le 25 septembre et le croit «en danger» dans son pays. Dimanche, lors d’une déclaration à la presse à Lyon, elle en a appelé à la communauté internationale.
Des médias rapportent à ce propos qu’en Chine, il n’est pas rare que de hauts dignitaires se «volatilisent». Ils peuvent être détenus au secret pendant des semaines, voire des mois, avant que Pékin n’annonce qu’ils font l’objet d’une enquête, souvent pour corruption. Cette logique semble être à nouveau à l’œuvre, bien que cette dernière affaire risque d’avoir un retentissement d’une tout autre ampleur à l’international, du fait de la visibilité du poste de Meng Hongwei.
Selon l’hypothèse la plus plausible, celui qui était également vice-ministre du ministère de la Sécurité publique, serait l’une des dernières victimes de la vaste campagne anti-corruption lancée par le président chinois, Xi Jinping, depuis son arrivée au pouvoir, fin 2012. Cette croisade a entraîné le jugement de plus d’une centaine de hauts dirigeants du Parti ; mais «l’Empereur rouge» l’utilise aussi largement pour écarter des rivaux.
Toute la question est à présent de savoir pourquoi Meng Hongwei serait tombé en disgrâce, moins de deux ans après avoir été le premier Chinois à être nommé à la tête d’Interpol.
S. S.
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