La presse américaine : «Riyad a découpé le cadavre de Khashoggi !»
Par Sadek Sahraoui – Se basant sur des témoignages d’agents turcs, plusieurs titres de la presse américaine ont accusé la monarchie wahhabite d’avoir tué le journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul et découpé son cadavre en morceaux.
La presse américaine rapporte qu’un groupe de quinze Saoudiens, dont de hauts responsables, sont arrivés à Istanbul le jour même de la disparition du journaliste, avant de repartir tout de suite après sa disparition. Les mêmes sources prétendent ne pas être sûres si leur projet initial était d’enlever Jamal Khashoggi et de le ramener à Riyad. Elles supposent que quelque chose a dû mal tourner ou que le but premier de leur «visite» était de le liquider à l’intérieur même de la chancellerie saoudienne.
Le journaliste saoudien était porté disparu depuis son entrée le 2 octobre dans le consulat de son pays à Istanbul. Jamal Khashoggi s’était exilé aux Etats-Unis l’année dernière par crainte d’une arrestation après avoir critiqué certaines décisions de Mohammed Ben Salmane et l’intervention militaire de l’Arabie Saoudite au Yémen.
Riyad affirme que le journaliste de 59 ans, qui écrivait notamment pour le Washington Post, a bel et bien quitté les locaux de sa mission diplomatique, mais la police turque pense qu’il y a été tué par une équipe d’agents saoudiens venue spécialement pour cela et repartie le jour même. Riyad a démenti cette thèse. Le prince héritier saoudien a même invité les autorités turques à «fouiller» le consulat. «Nous n’avons rien à cacher», a-t-il dit.
Les spécialistes de l’Arabie Saoudite prennent très au sérieux la piste de l’assassinat surtout que le prince héritier s’est distingué depuis son arrivée au pouvoir en 2017 par une poursuite des violations massives des droits de l’Homme. Parallèlement à une série de réformes et une politique de modernisation à mettre à son crédit, la répression contre les dissidents, notamment des religieux, des intellectuels ou des féministes, s’est, en effet, accentuée. Les autorités saoudiennes ont déjà arrêté une vingtaine de personnes, dont des prédicateurs influents et des intellectuels.
L’Arabie Saoudite, engagée depuis mars 2015 dans une intervention militaire au Yémen, a été accusée par ailleurs de multiples «bavures» contre des civils : le 9 août dernier, 51 personnes, dont 40 enfants, ont été tuées dans une frappe aérienne sur leur bus à Saada. Malgré l’opposition de Riyad, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU mène depuis plus d’un an une enquête pour crimes de guerre au Yémen, où le conflit a fait plus de 10 000 morts et provoqué la «pire crise humanitaire du monde», selon les Nations unies.
S. S.
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