Bajolet récidive : pourquoi l’ex-espion fait-il un abcès de fixation sur l’Algérie ?
Par R. Mahmoudi – Poursuivant la promotion de son livre, en multipliant les plateaux de télévision et les interviews à la presse, l’ex-patron de la DGSE, Bernard Bajolet, en profite pour décocher d’autres flèches en direction de l’Algérie. Interrogé ce lundi par Radio France international (RFI) au sujet de ses propos sur le président Bouteflika, l’ex-ambassadeur de France à Alger a maintenu sa position en disant avoir été «assez clair là-dessus», tout en affirmant qu’il «ne veut pas» y revenir. Or, dans cette interview à RFI, Bernard Bajolet n’a pas arrêté de parler de l’Algérie, toujours évidemment pour en ternir l’image, même s’il le fait avec plus de subtilité.
Evoquant, par exemple, la situation au Sahel, l’ex-chef de la DGSE reprend à sa manière l’antienne usitée par une certaine presse internationale et notamment marocaine, selon laquelle le chef terroriste Iyad Ag Ghali puiserait sa force dans l’appui qu’il recevrait de l’Algérie. «Iyad Ghali, soutient Bajolet, est une personnalité qui a un certain prestige dans cette région, dont on peut tout à fait regretter qu’il soit devenu un chef terroriste. Et qui, je le pense, vous me permettrez de ne pas être trop spécifique, bénéficie de toute évidence de certaines protections». Et à la question du journaliste : «Quand vous dites qu’Iyad Ag Ghali est sous protection, vous pensez notamment à l’Algérie ?», la réponse de Bajolet se fera plus sibylline, mais à lire entre les lignes : «Je ne veux pas être plus spécifique. Mais je pense qu’il bénéficie, en effet, de l’indulgence de certaines parties, mais je ne les nommerai pas».
Toujours au sujet de la situation au Sahel, le diplomate français, sans aller jusqu’à parle de «délitement de l’Etat algérien», estime que les «trafics», y compris ceux des groupes terroristes, «se passent plutôt aux frontières sud de l’Algérie».
Interrogé sur son passage en tant qu’ambassadeur en Algérie, entre 2006 et 2008, Bernard Bajolet maintient globalement ce qu’il a écrit dans son livre. A la question de savoir si, «en vue de l’après-Bouteflika», cette succession à venir «est ouverte ou elle se fera dans le même cercle», il fait mine de ne pas vouloir répondre et de ne rien savoir : «Il faut demander aux Algériens. Je ne veux pas me prononcer davantage». Que pense-t-il des limogeages opérés récemment dans les corps de sécurité ? «Ces mouvements que l’on constate ici et là, en effet, montrent que la suite se prépare. Mais quelle est cette suite ? Je n’en sais vraiment rien», a-t-il dit sans trop s’aventurer.
R. M.
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