Derrière les missiles
Par Sadek Sahraoui – Désormais, tout le monde en convient, l’intervention de la Russie dans la crise syrienne a permis d’amorcer un début de rééquilibrage des rapports de forces au Moyen-Orient. La décision de Vladimir Poutine de donner la possibilité à ses alliés locaux d’acquérir ses armes les plus sophistiquées y a aussi beaucoup contribué. L’acquisition récente par la Syrie et l’Iran de systèmes de défense anti-aériens russes de dernière génération devraient ainsi réduire de manière considérable encore la marge de manœuvres de l’Etat hébreu qui a un contrôle quasi-absolu de l’espace aérien moyen-oriental depuis la fin des années 70. Grâce aux régiments de S300 livrés le mois dernier par Moscou à l’armée syrienne, Tel-Aviv ne pourra plus, en effet, se permettre le luxe de bombarder à l’improviste la Syrie comme elle a pris l’habitude de le faire depuis le début de la crise syrienne en 2011.
Mais ne soyons pas naïfs ! Ce n’est pas uniquement par amitié envers les Syriens ou les Iraniens que Vladimir Poutine a décidé d’envoyer ses troupes en Syrie et de brader ses armes les plus perfectionnées. S’il l’a fait, c’est avant tout parce que son pays a des intérêts importants à défendre dans la région. Des intérêts qui auraient été gravement compromis si les terroristes de Daech et d’Al-Qaïda formés et financés par les Occidentaux et certaines monarchies du Golfe étaient parvenus à renverser Bachar Al-Assad.
Une chute du président syrien aurait, par exemple, entraîné inéluctablement la perte par la Russie de ses bases dans le pays et un port d’attache en Méditerranée. Ce qui aurait été catastrophique pour Moscou au plan géopolitique et géostratégique. Cela explique, d’ailleurs, l’énergie impressionnante et les moyens militaires massifs investis par Vladimir Poutine pour débarrasser la Syrie du terrorisme et sauver la tête de Bachar Al-Assad.
D’un autre côté, si d’innombrables pays soutiennent l’action de la Russie en Syrie, ce n’est pas non plus parce qu’ils sont les larbins de Moscou. Ils le font car l’action politique, militaire et diplomatique de la Russie converge avec leurs intérêts. Et leur principal intérêt est de voir, un jour, émerger un monde multipolaire dans lequel le destin des «petits» ne sera pas de se faire écraser par les plus puissants.
S. S.
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