Le Parlement européen honore Nasser Zefzafi : le Makhzen perd le Nord
Par Sadek Sahraoui – Tout le lobbying mené des mois durant par le Makhzen en Europe pour faire passer la révolte sanglante du Rif comme un simple chahut de gamins et les meneurs de la protesta comme de dangereux intégristes, a échoué. La preuve de cet échec est la sélection ce mardi de Nasser Zefzafi, la figure de proue de ce soulèvement contre l’injustice et l’exclusion des Rifains, pour le prix Sakharov.
Nasser Zefzafi fait partie, en effet, des trois finalistes encore en lice pour ce prix. Il a été sélectionné parmi les huit personnalités ou associations nominées au prix chaque décerné année par le Parlement européen. Celui-ci honore les personnes ou les organisations qui luttent pour la défense des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Un cinglant désaveu pour Mohammed VI qui passe son temps à présenter sa monarchie moyenâgeuse comme la championne des droits de l’Homme au Maghreb.
En prison depuis bientôt quatre mois, Nasser Zefzafi fait partie de la «short list» aux côtés du réalisateur ukrainien Oleg Sent et d’un groupement de onze ONG de défense des droits de l’Homme qui viennent en aide aux migrants en Méditerranée.
A rappeler que quatre des meneurs du mouvement de contestation sociale qui a agité le Maroc en 2016-2017 ont été condamnés le 26 juin dernier à Casablanca. Nasser Zefzafi, Nabil Ahmjiq, Ouassim Boustati et Samir Ighid ont été condamnés à 20 ans de prison ferme pour «complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat», un chef d’accusation passible, selon les textes, de la peine de mort. Trois autres accusés, Mohamed Haki, Zakaria Adehchour et Mahmoud Bouhenoud ont été condamnés à 15 ans de prison, et sept autres à 10 ans de prison ferme.
Sous le choc, des proches des accusés, présents dans la salle d’audience, avaient poussé des cris de détresse quand les peines les plus lourdes avaient été prononcées au terme de neuf mois de procès. «Ce sont des peines très lourdes. L’Etat a échoué dans ce test de respect des droits de l’Homme et des libertés essentielles, tout comme l’indépendance de la justice», avait déclaré l’un des avocats de la défense, Souad Brahma.
S. S.
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