Ferroukhi aux agriculteurs : il faut introduire l’innovation pour plus de productivité
Plusieurs experts ont souligné, mardi à Alger, la nécessité d’introduire l’innovation et les aspects technologiques modernes à travers de nouveaux projets pour plus productivité dans le secteur de l’agriculture, permettant d’assurer la sécurité alimentaire nationale et la conquête des marchés extérieurs par le biais des exportations, rapporte l’agence de presse officielle APS.
«Les agriculteurs doivent initier de nouvelles méthodes fondées sur l’innovation et les techniques modernes pour plus de modernisation et de productivité dans le secteur de l’agriculture», a indiqué l’ex-ministre de l’Agriculture, du développement Rural et de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi, lors d’une conférence-débat intitulée «politique agricole, innovation et développement rural», organisée en marge du 18e Salon de l’élevage et de l’agroéquipement (SIPSA-SIMA), tenu du 8 au 11 octobre au Palais des expositions à Alger.
Ferroukhi a également expliqué que l’introduction de l’innovation permet «d’accompagner les changements survenus dans le mode de consommation des citoyens, devenus plus sélectifs et exigeants», appelant les agriculteurs à «initier eux-mêmes des stratégies d’innovation dans leurs méthodes de travail et ne pas compter uniquement sur les autorités publiques».
Pour y parvenir, le partenariat entre «les agriculteurs classiques» et les nouvelles générations d’agriculteurs (jeunes diplômés, porteurs de projets), serait «la meilleure façon» pour arriver à assurer la transition vers une agriculture moderne et plus productive, permettant «non seulement de répondre quantitativement et qualitativement à la demande du marché local, mais également la conquête des marchés extérieurs», souligne M. Ferroukhi.
Intervenant lors de cette conférence, le docteur Djamila Halliche, professeur d’université, a constaté que «les agriculteurs algériens ne sont pas trop portés sur l’innovation», appelant dans ce sens à l’élaboration d’une stratégie de transition agricole et agro-écologique basée sur la connaissance, la recherche et l’innovation afin d’arriver à un système d’innovation dédié à l’agriculture. Parmi les outils impératifs pour l’innovation, Mme Halliche a cité, à titre d’exemple, la nécessité de mécaniser l’activité de l’agriculteur afin d’augmenter «considérablement» la productivité, économiser le temps et l’effort, réduire la main œuvre, travailler efficacement et durablement sur des périmètres plus importants, préserver la qualité du sol et des produits, ainsi que l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs.
Pour Mme Halliche, «il faut dès maintenant commencer à réunir les conditions pour réussir l’agriculture de demain», portant sur les besoins et préférences du consommateur pour aller vers des produits localisés, certifiés et normalisés. Elle a préconisé de renoncer aux habitudes et pratiques bureaucratiques qui rendent «difficiles» l’adaptation et l’adoption des innovations, à consacrer plus de financement à l’innovation, ainsi que la création de plus d’espaces destinés à la promotion de la recherche appliquée.
Pour sa part, Rachida Kecita, chercheure universitaire, a appelé à faire une évaluation des différentes politiques publiques et les actions de l’Etat dans le domaine de l’agriculture (Schéma national d’aménagement du territoire, politique du renouveau rural, stratégie nationale du développement rural…), afin de définir «les besoins de l’agriculture nationale et pallier à ses insuffisances». Estimant que l’Algérie n’a aucune institution chargée de l’évaluation des politiques publiques dans le domaine de l’agriculture, hormis le Conseil national économique et social (CNES) «qui a souvent joué ce rôle», Mme Kecita a appelé à «plus d’implication de l’analyse développée dans l’agriculture qui combine l’étude des forces, faiblesses, opportunités et menaces, pour mieux élaborer une stratégie de développement de ce secteur».
Par ailleurs, le directeur central chargé des ressources hydriques auprès du ministère de l’Agriculture, Mohamed Kessira, a souligné le rôle de l’innovation en matière d’irrigation des terres agricoles, notamment face à la croissance de la demande du citoyen en termes de produits agricoles, confrontés, parallèlement, à la régression de la pluviométrie. Il a insisté sur la nécessité d’introduire l’innovation dans les différentes manières d’irrigation afin d’assurer «la productivité et pérenniser les ressources hydriques», appelant ainsi à plus d’investissements dans ce domaine à travers les forages albiens qui recourent aux aspects technologiques modernes initiés par des jeunes diplômés et porteurs de projets qui maîtrisent l’innovation.
Pour rappel, le salon SIPSA-SIMA, organisé sous le thème «Pour une agriculture intelligente, face au défi d’une sécurité alimentaire et sanitaire durable», accueille plusieurs conférences liées aux recommandations issues des assises nationales de l’agriculture d’avril dernier, priorité nationale du gouvernement et de l’organisation interprofessionnelle des filières agricoles.
R. E.
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