Achat de blé russe par l’Algérie : la France dépêche une délégation à Alger
Par R. Mahmoudi – La panique qui s’est emparée des Français à l’annonce, début octobre, de la décision prise par Alger d’ouvrir son marché national de blé dur à la Russie, se précise et prend forme. Selon l’agence Reuters, citant un fonctionnaire du gouvernement français, la France enverra, début 2019, une délégation en Algérie pour discuter des livraisons de blé.
Selon la même source, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, Jean-Baptiste Lemoyne, a demandé à l’agence Business France, qui assure la promotion de groupes français sur les marchés mondiaux, de préparer une visite d’exportateurs français en Algérie au premier trimestre de l’année prochaine.
L’Algérie, qui a déjà importé du blé russe en 2017, envisage de s’approvisionner totalement de la Russie cette année. Un accord devrait être signé une fois tous les certificats de conformité délivrés. Le journal économique français La Tribune avait relevé la conséquence de cette décision sur les agriculteurs français et globalement sur les exportations françaises vers l’Algérie.
La France est, jusqu’à présent, le premier fournisseur de blé tendre à l’Algérie avec près d’un milliard de dollars. La réorientation envisagée des importations de blé vers la Russie, qui aurait du blé de meilleure qualité et à un prix plus compétitif, inquiète en premier lieu les céréaliculteurs français qui risquent ainsi de perdre un gros marché, le deuxième au monde, avec plus de 7 millions de tonnes annuellement venant principalement de France, du Canada et d’Allemagne. L’inquiétude des Français va au-delà du blé, car l’Algérie s’intéresse aussi à d’autres produits russes comme le lait et la viande bovine.
Le choix de l’Algérie de se détourner de son fournisseur traditionnel, la France en l’occurrence, pourrait, au-delà des raisons économiques, être une réaction aux fortes pressions françaises sur les autorités algériennes en ce qui concerne, notamment, le dossier de la circulation des personnes.
R. M.
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