Les Français admettent que l’Algérie a raison d’acheter son blé chez les Russes
Par Karim B. – Le journal français Le Monde admet, dans un nouvel article sur la décision de l’Algérie de se tourner vers son partenaire russe pour s’approvisionner en blé, que ce choix était inévitable.
A cela, plusieurs raisons, au premier rang desquelles un prix concurrentiel et une qualité «en constante amélioration».
Les agriculteurs français sont en passe de perdre leur premier débouché «avec près de la moitié» de la production de blé «expédiée hors de l’Union européenne», face à «l’ambitieux épi russe» qui «s’est rappelé ces derniers jours au bon souvenir des paysans français sur le débouché crucial de l’Algérie», écrit Le Monde qui estime que la Russie a «déjà gagné le Mondial 2018 du blé».
Un expert français est, lui aussi, pessimiste quant à la possibilité pour la France de «chasser le blé russe des fournils algériens». «Il y a une autorisation maximale de 0,10 % [de grains punaisés] dans le cahier des charges de l’OAIC et les blés russes sont en général entre 0,50 et 0,70 %, alors qu’ils étaient par le passé plutôt entre 1% et 1,50 %», explique un expert à l’agence française de presse AFP, repris par Le Monde.
On comprend, dès lors, que l’Algérie motivait son choix pour le blé français par la mauvaise qualité de la production russe et que ce changement de cap est dicté par une amélioration de celle-ci.
«A l’heure actuelle, le cahier des charges fixé par l’autorité algérienne protège les blés français. A l’inverse des épis russes, ils sont généralement épargnés par la punaise des blés qui, en piquant le grain, dégrade ses propriétés de panification», précise Le Monde, qui fait bien de rappeler que cet état de fait concerne les anciennes commandes de l’Algérie («à l’heure actuelle») mais que, face au blé russe désormais traité, c’est le prix qui fera la différence. Or, sur ce plan, le pari est perdu d’avance pour la France qui se démène pour convaincre son client algérien de ne pas lui tourner le dos.
«Il faut qu’on ait toujours une longueur d’avance sur le plan qualitatif, sinon on se fera prendre des parts de marché», a alerté le président du syndicat des producteurs français de blé, Philippe Pinta, dans les colonnes du Monde, soulignant que «les clients sont très attentifs à avoir du blé le plus nettoyé possible». Les Russes s’y sont mis. La France devra, si elle veut vendre son blé à l’Algérie, revoir ses prix devant le concurrent russe dont le blé correspond désormais au cahier des charges «très exigeant» de l’OAIC.
K. B.
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