Cet autre crime que la France cache : 800 Algériens jetés à la mer en 1961
Par Kamel M. – Le 17 octobre 1961, alors que la police réprimait dans le sang les manifestants algériens qui revendiquaient l’indépendance, un autre crime avait été commis par les autorités politiques de l’époque et qui demeure encore tabou en France. L’ex-Premier ministre socialiste, Michel Rocard, a évoqué le cas de 800 manifestants algériens qui avaient été transférés en Algérie pour être internés. Mais, à sa grande surprise, de ces Algériens rapatriés de force, il n’avait retrouvé aucune trace au moment où il avait voulu écrire à leur sujet.
Michel Rocard avait affirmé qu’il avait reçu les confidences d’un militaire français qui avait participé à ce transfert sous le sceau du secret, en lui demandant de ne jamais révéler son identité. Selon ce militaire, les manifestants ont été jetés à la mer entre les Iles Baléares et Alger. Pour éviter que leurs corps remontent à la surface, les victimes ont été jetées avec des blocs de ciment de plusieurs kilos attachés à leurs pieds et à leurs mains. Une méthode barbare courante durant la colonisation.
Les crimes abjects commis par la France coloniale en Algérie sont innombrables. Et les tentatives bien timides des responsables politiques français d’en reconnaître quelques-uns sont loin de suffire pour tourner la page de 132 années d’occupation faites de massacres, de spoliation et d’aliénation.
Le président Emmanuel Macron avait admis que la colonisation fut un crime contre l’humanité, lors de son premier voyage en Algérie, avant de reconnaître, récemment, que le militant communiste Maurice Audin avait été enlevé et assassiné par les autorités militaires françaises. Mais ces gestes n’ont pas concouru à apaiser la tension qui persiste entre l’Algérie et la France sur les sujets liés à la mémoire.
L’hommage rendu aux harkis et les indemnités dont ceux-ci ont bénéficié de la part de l’Etat français ont été dénoncés de ce côté-ci de la Méditerranée comme une insulte aux nombreuses victimes de ces anciens supplétifs de l’armée française qui ont commis des actes ignobles à l’encontre de leurs propres concitoyens.
La disparition des 800 Algériens jetés à la mer, selon le témoignage de ce soldat qui s’est confié à Michel Rocard, doit-elle tomber dans l’oubli ? L’Algérie, qui réclame déjà la restitution des crânes des résistants algériens détenus au Musée de l’Homme à Paris, devra rouvrir ce dossier. Les 800 Algériens tués de façon atroce sont des martyrs auxquels l’Algérie devra rendre hommage et pour l’assassinat desquels elle devra réclamer justice.
K. M.
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