Soutien français aux terroristes libyens : les révélations de Sergueï Lavrov
Par Sadek Sahraoui – Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a révélé dans un entretien accordé le 12 octobre dernier à trois médias français que Moscou avait prévenu Laurent Fabius en 2013, son homologue français à l’époque, sur les risques qu’encourait l’armée française en s’engageant au Mali, surtout que la France allait combattre des terroristes armés par ses soins en Libye. En guise de réponse, a-t-il dit, le chef de la diplomatie française aurait poussé un éclat de rires se contentant de dire : «C’est la vie !».
«La France voulait que son contingent au Mali obtienne l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU pour lutter contre cette menace terroriste. Laurent Fabius m’a appelé et m’a demandé de ne pas nous y opposer. Mais il faut garder à l’esprit, lui ai-je dit, que vous allez réprimer les activités des gens que vous avez armés en Libye. Il a ri et m’a dit : « C’est la vie ! » Et il faut dire quand-même que « c’est la vie », ce n’est pas de la politique. Evidemment, c’est le principe du deux poids, deux mesures», a regretté Sergueï Lavrov.
Le chef de la diplomatie russe a ajouté que l’Otan et la France ont mené des frappes en violation des résolutions du Conseil de sécurité. «En 2011, malgré l’embargo, les militaires français fournissaient des armes aux opposants à Kadhafi. Nous mesurons aujourd’hui ce que cela a donné : une catastrophe humanitaire, des flux de migrants en Europe et le déferlement sur l’Afrique noire de terroristes, pour certains équipés d’armes françaises», a-t-il ajouté.
Avant la révélation de cette anecdote, le chef de la diplomatie russe était revenu sur les bavures commises par l’Otan lors de ses interventions armées dans divers pays et notamment en Serbie. «Compte tenu du fait que nous sommes Européens, membres de l’OSCE, je commencerai dès l’année 1999, quand l’Otan a bombardé la Yougoslavie. Là, aucune distinction n’a été faite qu’il s’agisse d’objets civils ou à double usage. Ils ont bombardé le ministère de la Défense et l’état-major général, mais je dois rappeler qu’ils ont aussi bombardé un pont ferroviaire au moment où un train de passagers le traversait», a-t-il déploré.
S. S.
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