L’affaire Khashoggi : Trump veut sauver la tête de Mohamed Ben Salman
Par Sadek Sahraoui – Le président Américain, Donald Trump, a accusé les Saoudiens d’avoir menti sur la mort du journaliste, Jamal Khashoggi, dans leur consulat à Istanbul (Turquie). «De toute évidence, il y a eu tromperie et mensonge», a déclaré Trump au Washington Post. Donald Trump a néanmoins fait l’éloge de Mohammed Ben Salman en tant que «personne forte» capable de contrôler les différentes factions de l’Arabie Saoudite et de jouer un rôle clé dans les relations économiques américano-saoudiennes.
Dans un entretien accordé samedi au Washington Post et publié aujourd’hui, Trump a également déclaré qu’il préférerait que le prince, âgé de 33 ans, reste aux commandes de sa nation. Trump a déclaré n’avoir vu aucune preuve indiquant que le prince savait que Khashoggi allait être tué, ou avait ordonné son meurtre. «Personne ne m’a dit qu’il était responsable ou pas. Nous n’avons pas atteint ce point. Je n’en ai entendu parler d’aucune façon», a déclaré Trump. «Il y a une possibilité qu’il ait découvert cela par la suite. Cela pourrait être quelque situation qui aurait mal tourné. Il aurait pu savoir qu’ils le ramenaient en Arabie Saoudite», a-t-il ajouté.
Khashoggi avait suscité la colère de son gouvernement par ses critiques répétées contre le prince, le roi Mohammed Ben Salman et l’implication saoudienne dans la guerre au Yémen. Khashoggi a disparu le 2 octobre après être entré au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul pour l’obtention de documents en vue de son mariage. Une séquence vidéo montrait Khashoggi entrant, mais aucune vidéo ne le montrait sortir.
Pendant des semaines, l’Arabie Saoudite a nié avoir eu connaissance du sort de Khashoggi, affirmant qu’il avait quitté le consulat peu de temps après son arrivée. La disparition et les rapports ultérieurs, selon lesquels Khashoggi aurait été torturé et tué, ont suscité l’indignation de la communauté internationale. Vendredi, les Saoudiens ont cédé, affirmant que Khashoggi était décédé après une bagarre qui avait éclaté au cours de son interrogatoire. Le régime a déclaré que 18 personnes avaient été arrêtées lors de cet incident.
L’explication n’a guère contribué à calmer l’indignation internationale puisqu’elle n’a pas été jugée crédible. Même les républicains du Sénat, y compris le président de la Commission des relations étrangères, Bob Corker, et la partisane de Trump, Lindsey Graham, ont exprimé leur scepticisme en appelant à des sanctions sévères. «Il est difficile de trouver crédible cette dernière ‘explication’», a déclaré Graham, qui avait auparavant déclaré que les Etats-Unis devaient «sanctionner l’enfer de l’Arabie Saoudite» jusqu’à ce que le prince soit évincé du pouvoir.
Par ailleurs, Trump a fermement rejeté les appels à bloquer la vente d’armes de 110 milliards de dollars, affirmant que les Saoudiens feraient l’achat auprès de la Russie ou de la Chine. «Cela étant dit, quelque chose va se passer», a déclaré Trump au Washington Post.
S. S.
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