Pourquoi Mohammed VI a peur de se faire renverser par ses généraux
Par Sadek Sahraoui – Alors que son pays est socialement à l’agonie, Mohammed VI n’a rien trouvé de mieux à faire que d’augmenter le budget de son ministère de la défense. La presse marocaine rapporte qu’il l’a multiplié, atteignant pour la première fois 100 milliards de dirhams.
L’article 48 de la loi de finances 2019 montre en effet que près de 10 milliards de dollars sont alloués au budget de la défense. Jusque-là, le budget de la défense était seulement 3,4 milliards de dollars.
En plus d’essayer de coller à son voisin algérien qui lui est militairement supérieur, des spécialistes du Makhzen soutiennent que Mohammed VI escompterait, à travers cette augmentation, amadouer ses généraux qui commencent à se plaindre de l’état de délabrement avancé de l’institution militaire marocaine et de leurs mauvaises soldes.
La gronde des officiers marocains s’explique aussi par le fait que Mohammed VI a privilégié depuis son accession sur le trône la sécurité intérieure, la police et les services de renseignements au détriment de l’armée.
Pour éviter de se faire renverser, il a donc préféré prendre ses devants et arroser généreusement ses généraux. Sa crainte d’un coup d’Etat est grande d’autant plus que son trône a souvent vacillé depuis 2011, date à laquelle la société marocaine a brisé le mur de la peur et commencé à envahir la rue pour manifester contre les inégalités sociales, la corruption, les passe-droits et la paupérisation de la société.
Selon le dernier rapport sur la pauvreté au Maroc de la Banque mondiale, la situation est telle que les inégalités et la pauvreté menacent désormais la cohésion sociale et la stabilité politique du pays. La lutte contre la pauvreté et les inégalités au Maroc «constitue une nécessité pour le maintien de la cohésion sociale et la stabilité politique», a souligné le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son rapport annuel 2017.
Selon ce rapport, «la question des inégalités sociales constitue la plus importante problématique à laquelle est confronté actuellement le Maroc», ajoutant que «la pauvreté monétaire a reculé significativement, mais la proportion des personnes concernées par la pauvreté multidimensionnelle et/ou la vulnérabilité demeure élevée».
S. S.
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