Meurtre de Jamal Khashoggi : Berlin suspend ses ventes d’armes à Riyad
Par Sadek S. – La chancelière allemande, Angela Merkel, s’est dite «d’accord avec tous ceux qui disent qu’il ne peut y avoir d’exportations d’armes dans la situation où nous nous trouvons, même si ces ventes sont d’ampleur limitée», tant que les circonstances exactes de la mort du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul ne sont pas éclaircies.
Les autorités saoudiennes avaient reconnu samedi que le journaliste Jamal Khashoggi, critique du pouvoir et exilé aux Etats-Unis, était bien mort dans l’enceinte du consulat saoudien en Turquie, évoquant une «rixe qui aurait mal tourné». Angela Merkel a condamné «avec la plus grande fermeté» la mort du journaliste, en soulignant qu’il restait «des choses qui doivent être éclaircies de manière urgente» par Riyad.
Berlin a approuvé cette année l’exportation de plus de 400 millions d’euros d’armement en Arabie Saoudite, qui est le deuxième marché dans le monde pour l’Allemagne après l’Algérie. Le ministre de l’économie allemand, Peter Altmaier, a déclaré que le gouvernement prendrait «très prochainement» la décision d’annuler ou pas ces commandes.
L’accord de coalition signé en mars, par Angela Merkel et ses partenaires lors de la constitution d’un nouveau gouvernement, prévoyait déjà un arrêt des ventes d’armes aux pays impliqués dans des conflits militaires, ce qui est le cas de l’Arabie Saoudite, au Yémen. Cependant, Ryad avait bénéficié d’une exception, ce qui avait provoqué des protestations du partenaire social-démocrate de la coalition.
Pieter Altmaier a appelé aujourd’hui les autres pays européens à ne plus autoriser d’exportations d’armes en Arabie Saoudite. «Ce n’est que si tous les pays européens se mettent d’accord que cela impressionnera le gouvernement de Ryad», a déclaré sur la chaîne de télévision allemande ZDF, Altmaier, pour qui «les explications apportées» jusqu’ici par l’Arabie Saoudite ne sont pas «satisfaisantes». «Il n’y a aucun effet positif si nous restons les seuls à arrêter les exportations et si en même temps d’autres pays comblent le trou», a-t-il argué.
Son appel a provoqué des réactions en Espagne, où le parti Podemos, formation de gauche radicale alliée du gouvernement, a réclamé ce lundi à l’exécutif de Pedro Sanchez de stopper les ventes d’armes au régime saoudien.
S. S.
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