Le FLN impose son nouveau président à la tête d’un Parlement bicéphale
Par Karim B. – C’est sans surprise que le chef du groupe parlementaire du FLN, Mouad Bouchareb, a été imposé comme président de l’Assemblée populaire nationale après le putsch conduit par le secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès, contre Saïd Bouhadja. Le Parlement se retrouve ainsi avec deux présidents à sa tête, Bouhadja n’ayant jusqu’à ce jour pas remis sa démission comme il l’avait «promis» il y a deux semaines.
Que va-t-il se passer dans les jours et les semaines à venir ? Si Saïd Bouhadja a justifié son refus de se rendre au siège du Parlement par des raisons de sécurité personnelle après le rassemblement organisé par ses opposants à l’entrée du siège de l’APN dans le but avoué de l’empêcher d’accéder à son bureau, il n’en demeure pas moins qu’il reste, conformément à la Constitution, le président légitime de l’Assemblée. La désignation d’un remplaçant alors même que le président contesté est officiellement toujours en poste ne fera qu’aggraver la crise parlementaire.
Tous les protagonistes qui se sont ligués contre Saïd Bouhadja, du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, aux présidents des formations politiques amarrées à l’alliance présidentielle (MPA et TAJ), en passant par l’hégémonique FLN, ont exclu l’éventualité d’une dissolution du Parlement par le président Bouteflika. Mais le silence du chef de l’Etat face à ce que Saïd Bouhadja et ses soutiens – ils sont nombreux aussi – qualifient de grave atteinte à la Loi fondamentale retarde une issue définitive à ce conflit qui risque de gêner d’importants rendez-vous politiques dont, notamment, la présidentielle de 2019.
Pour pouvoir accéder au perchoir, le nouveau président devra faire en sorte que l’occupant du siège ne puisse jamais accéder à l’hémicycle de Zighoud-Youcef. Saïd Bouhadja se laissera-t-il faire ? Rien n’est moins sûr si on se réfère à ses différentes déclarations à la presse lors du rassemblement des députés. Tout dépendra de l’attitude qu’adoptera le déjà ex-président de l’APN face à cet affront, lui qui s’est toujours targué du soutien du président de la République.
Le nouveau Parlement présidé par le chef du groupe parlementaire du FLN sera, par ailleurs, amputé de l’opposition qui rejette catégoriquement le coup de force opéré par les partis de l’alliance présidentielle, et sa crédibilité est d’ores et déjà entamée. Désormais, la Chambre basse légiférera avec un président illégitime aux yeux des textes fondateurs de la République et uniquement des députés appartenant aux partis au pouvoir.
La démocratie prend un nouveau coup.
K. B.
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