Le génie algérien
Par Akram Chorfi – L’Algérien ne cessera jamais de s’étonner de lui-même et de ses compatriotes et en même temps de ressentir une profonde frustration. Ce paradoxe s’explique par le fait que, souvent, nous sommes amenés à exprimer notre fierté d’être les compatriotes d’un Algérien qui, parti ailleurs, a brillé par son génie et sa créativité et voilà que, brusquement, nous nous rendons compte que ce génie, cette créativité vont profiter à un autre pays qui a su, au premier contact, déceler le talent et le génie et leur donner toutes les chances de s’exprimer au point que l’Algérien, à peine visible dans la sphère entrepreneuriale et de recherche dans son propre pays, devient une véritable référence et d’une utilité indispensable dans un pays qui n’est pas le sien.
Cette réalité s’est imposée comme la condition du génie algérien, et la fréquence des cas de par le monde nous invite à méditer sur la vocation algérienne à s’ériger, malgré elle, en pépinière de compétences pour les grands pays industrialisés, en leur fournissant, après avoir investi des milliards de dollars sur la formation de dizaines de milliers de médecins, d’ingénieurs et de chercheurs universitaires, une matière grise prête à penser, prête à créer et prête à innover.
Une générosité onéreuse pour l’Algérie, qui hypothèque grandement la capacité de notre pays à relever les défis technologiques, économiques et industriels qui sont autant de remparts à briser pour espérer concrétiser une émergence tant attendue et également si nécessaire pour sortir le pays de la dépendance des hydrocarbures et des aléas multidimensionnels que cette dépendance sous-tend en permanence.
Le fait accompli étant ce qu’il est, il est possible de faire en sorte, par toutes les voies et tous les moyens que l’Etat peut mobiliser, à travers également ses réseaux d’entreprises publiques et privées et ses universités de renom, que tous ces Algériens qui se sont fait une place à travers le monde puissent, tout en restant là où ils peuvent servir, là où ils peuvent s’accomplir, se mettre au service de leur pays et apporter leur contribution à son développement.
Il suffit de ne pas les faire fuir, de ne pas les dénigrer, de ne pas les traiter sur le mode égalitariste stérilisant qui les a fait partir et qui promet d’en faire partir des milliers et des milliers d’autres.
A. C.
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