Un prince dissident : «Ben Salmane n’hésitera pas à renverser son père»
Par R. Mahmoudi – Commentant l’immense scandale dans lequel se débat actuellement la famille régnante en Arabie Saoudite, le prince dissident Farhan Al-Saoud estime que le régime saoudien paie l’«impétuosité» de son prince héritier, Mohammed Ben Salmane. Il prévoit que si le roi, Salmane, décide, dans la conjoncture actuelle, de désigner son deuxième fils, Khaled, à la place de Mohammed, celui-ci n’hésitera pas à renverser son père.
Dans un entretien à la chaîne de télévision arabe Al-Mayadeen, diffusé lundi soir, le prince saoudien établi en Europe explique que le Conseil d’allégeance qui, théoriquement, nomme les souverains et les héritiers présomptifs, est une «entité virtuelle», sans aucun pouvoir réel.
A propos de l’assassinat, à Istanbul, du journaliste dissident Jamal Khashoggi, le prince Farhan Al-Saoud appelle à juger le prince Mohammed Ben Salmane, dans le cas où sa responsabilité serait établie de façon irréfutable, tout en se demandant comment les gouvernements occidentaux continuent à traiter avec celui qu’ils accusent ouvertement de meurtre. Ce qui l’amène à soupçonner certaines capitales, comme Ankara, de chercher à «marchander» avec les Al-Saoud.
Dans la foulée, le prince saoudien dissident a révélé que lui-même avait été visé par une tentative d’assassinat par l’empoisonnement – qui lui a valu trois années de séjour à l’hôpital – pour ses positions politiques. «Je connais très bien le roi Salmane ; il souhaite vraiment ma mort», lâchera-t-il.
Le prince raconte aussi qu’une semaine avant l’assassinat de Khashoggi, il a été «entraîné» par des Saoudiens en Egypte pour lui remettre une somme d’argent mais il aurait refusé. Pour lui, «les dirigeants saoudiens ne font aucun cas des relations de parenté ; celui qui veut parler politique contre eux doit mourir !» C’est cette sentence qui semble avoir été appliquée contre Jamal Khashoggi et des dizaines d’autres avant lui.
R. M.
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