Le prix Sakharaov n’est pas allé à Zefzafi : le Makhzen soulagé
Par R. Mahmoudi – Grosse déception chez les défenseurs des droits de l’Homme et les militants du mouvement social marocain : l’icône du Hirak rifain, Nacer Zefzafi, n’a pas eu le célèbre prix Sakharov, dont le jury a opté, ce jeudi, pour le cinéaste ukrainien Oleg Sent, détenu en Russie. Le nom du leader de la contestation rifaine était retenu dans la «shorlist» qui comprenait également un groupement de onze ONG de défense des droits de l’Homme qui viennent en aide aux migrants en Méditerranée.
Cette nomination en soi signifiait à la fois un désaveu cinglant de la politique marocaine, encensée par les médias et les politiques européens, et l’échec de toute la diplomatie marocaine qui s’est démenée, à travers un travail de lobbying soutenu, pour ternir l’image du mouvement rifain et de ses symboles aux yeux de l’opinion internationale.
Les promoteurs de cette politique doivent aujourd’hui se sentir relativement soulagés, après le verdict du jury du prix Sakharov, parce qu’une éventuelle consécration de Nacer Zefzafi sonnerait le glas de tout l’appareil diplomatique du Makhzen et de son arsenal médiatique et ébranlerait davantage le régime qui traverse une mauvaise passe à tous les niveaux et qui est à bout de nerfs face, notamment, à la crise migratoire qui achève de le disqualifier totalement vis-vis de ses protecteurs espagnols.
A cette occasion, le père de Nacer Zefzafi, y a d’ailleurs fait allusion, en disant regretter «l’attitude négative» de ceux qui n’ont pas voulu soutenir la nomination de son fils à ce prix prestigieux. Il a remercié tous ceux qui l’ont soutenu, citant les députés européens et les membres de la communauté marocaine à l’étranger, laissant ceux qui ne l’ont pas fait «à leur conscience».
R. M.
Comment (9)