Un historien français : «Le peuple algérien n’existait pas avant 1830»
Par R. Mahmoudi – A contre-courant du mouvement d’idée né après les déclarations successives du président Emmanuel Macron sur l’histoire de la colonisation, le journaliste et historien français Jean Sévillia vient de publier un ouvrage dans lequel il met en garde contre toute tentation de «repentance» et contre toute reconnaissance des crimes commis par l’armée coloniale durant l’occupation de l’Algérie.
Intitulé Les Vérités cachées de la guerre d’Algérie, le livre de Jean Sévillia prétend restituer «méticuleusement et dans toute leur complexité» les événements qui se sont déroulés entre 1954 et 1962, et s’attacher à présenter une synthèse de l’histoire de la guerre d’Algérie «qui échappe au travers de l’historiquement correct».
Il dénonce, tout à tour, l’anachronisme : «L’inéluctabilité de l’indépendance, évidente avec le recul du temps, n’était qu’un point de vue minoritaire jusqu’en 1958-1959» ; le réductionnisme : «La guerre d’Algérie n’opposait pas seulement notre pays aux terroristes du FLN, mais résultait d’un emboîtage de conflits multiples dont celui opposant le FLN à ses rivaux du MNA», le mensonge par omission : «Quid des massacres d’Européens ayant provoqué la répression de Sétif en 1945 ?» ; le manichéisme : «Pourquoi se scandaliser des »exactions » des militaires français mais pas de celles des poseurs de bombes du FLN ?» ; l’indignation sélective : «Les morts du métro Charonne le 8 février 1962 sont-ils plus respectables que les fusillés de la rue d’Isly du 26 mars ?» et enfin l’occultation : «Pourquoi taire les massacres d’Européens à Oran le 5 juillet 1962, comme ceux des harkis après l’indépendance ?»
Poursuivant dans ses dénégations, l’historien français estime, par exemple, sur la question si actuelle de la torture, que c’est le FLN qui a poussé, le premier, à la montée aux extrêmes, «ce qui a pu engendrer des réactions tout aussi extrêmes de la part de l’armée ou de la police». Pour lui, il n’y jamais eu de généralisation de la torture «mais une certaine banalisation : tout le monde en parlait, mais rares étaient les tortionnaires» (sic).
Dans une interview accordée au Figaro, et publiée dans son édition de vendredi, Jean Sévillia s’élève avec véhémence contre les propos tenus en 2017 par le président Macron, et vite retirés, qualifiant la colonisation de «crime contre l’humanité». «Dans l’imaginaire contemporain, dit l’historien, le crime contre l’humanité est lié au nazisme. Qualifier sous ce terme cent trente-deux ans de souveraineté française sur l’Algérie est une accusation insignifiante, tant elle est excessive.» Pour lui, la formule employée par Emmanuel Macron «revenait à porter une condamnation globale, historiquement insoutenable, politiquement scandaleuse et moralement insultante pour les ex-Français d’Algérie et les musulmans qui avaient coopéré avec la France».
A l’interpellation du journaliste que la France était «tout de même» une puissance occupante et que le peuple algérien était un peuple occupé, l’auteur se montre encore plus intraitable et plus buté : «Attention à la chronologie ! Lors de la conquête, il n’existe pas de peuple algérien !»
R. M.
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