Sofiance Djilali : «Les islamistes algériens servent un agenda étranger»
Par R. Mahmoudi – Dans une interview accordée au quotidien égyptien Al-Masry Al-Youm, le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, critique sévèrement le rôle des partis islamistes algériens, se réclamant de l’idéologie des Frères musulmans, qu’il accuse pour la première fois de défendre des intérêts politiques étrangers «qui leur imposent d’adapter leur politique avec l’agenda et les visées stratégiques» de ces puissances qu’il ne nomme pas, mais qu’on devine facilement.
Interrogé par le journal égyptien sur ce le rôle et la place des «Frères musulmans algériens» dans l’opposition, le leader de Jil Jadid explique qu’au moment du déclenchement du «printemps arabe» en 2011-2012, les «Frères», faisant notamment allusion au MSP d’Abdarrazak Mokri, «ont essayé de se dérober de leur responsabilité dans la gestion et se sont retournés contre leurs alliés, croyant inéluctable la fin du régime algérien». Et de poursuivre : «Ces calculs ont poussé, un moment, les islamistes à composer avec l’opposition, avant de se retourner encore contre eux, en essayant de monter à nouveau dans le train bouteflikien, à travers leur participation à des élections législatives puis locales qu’ils savaient pourtant truquées, et ce en contrepartie de quelques strapontins.»
Plus incisif, Sofiane Djilali considère que les partis islamistes algériens «se sont révélés finalement porteurs d’un projet qui s’inscrit en dehors du projet national».
Le chef de Jil Jadid explique aussi aux lecteurs égyptiens qu’il existe aussi en Algérie un autre courant islamiste algérien, d’obédience salafiste, représenté dans le passé par le Front islamique du salut, «dissous par voie de justice dans les années 1990 dans le sillage de la violence portée par l’islam politique», tout en relevant que «ce courant existe toujours mais n’a pas le droit d’activer politiquement».
A la question de savoir si l’élection présidentielle de 2019 est «jouée à l’avance», Sofiane Djilali se dit persuadé que rien n’est encore tranché. Pour lui, le récent remue-ménage à l’APN, les changements opérés au sein de l’institution militaire et l’emprisonnement d’un certain nombre de journalistes et d’artistes «connus» sont autant de preuves que le pouvoir a perdu son «homogénéité».
R. M.
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