Le plan de destitution enclenché : Mohammed Ben Salmane perd le trône
Par R. Mahmoudi – Tous les observateurs avaient compris que le retour au pays du prince dissident Ahmed Ben Abdelaziz, avec des garanties occidentales, devait faire bouger les choses à l’intérieur de cette monarchie complètement phagocytée par le prince héritier, Mohammed Ben Salmane, dans un sens qui affaiblirait le pouvoir absolu de ce dernier.
Frère cadet de l’actuel roi et descendant du puissant clan Al-Sediri, Ahmed Ben Abdelaziz est l’un des rares princes à ne pas avoir prêté allégeance à Mohammed Ben Salmane.
Selon les dernières révélations du célèbre bloggueur arabe Mujtahidd, généralement bien informé, des princes de la famille régnante – il en existe 200 – tentent avec le prince Ahmed Ben Abdelaziz, à défaut de détrôner le roi pourtant reconnu sénile, d’échauder un plan de destitution de son fils, avec comme slogan «Fils de Salmane, ou tu sors avec dignité ou on te dégage par la force !»
Selon d’autres sources, le prince Ahmed organise chaque jour des réunions avec d’autres princes en disgrâce, notamment ses demi-frères Talal et Mouqrin, et le prince Mohamed Ben Nayef, lui aussi victime d’un coup de force, puisqu’il était le légataire légitime du statut de prince héritier, en attendant de regrouper le Conseil d’allégeance qui désigne, selon les règles en vigueur, les rois et les princes héritiers. Cette instance ne s’est pas réunie depuis 2012.
Des observateurs estiment que la voix serait tracée pour remobiliser les voix dissidentes au sein de la grande famille pour renverser rapidement la vapeur face à un Mohammed Ben Salmane, plus discrédité et plus affaibli que jamais par l’affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Ce qui semble freiner cette coalition d’émirs dissidents dans son élan, c’est l’attitude du président américain, Donald Trump, à leurs yeux toujours aussi ambiguë vis-vis de son allié Mohammed Ben Salmane. Ces deux hommes sont liés par des intérêts personnels trop forts.
Autre grande inconnue dans cette histoire : l’influence du prince Ahmed au sein des institutions sécuritaires. Car, aucun coup d’Etat ne peut se faire en Arabie Saoudite sans l’appui des principaux chefs des forces armées. Or, dans ce pays, il est établi que la loi de l’allégeance prime sur toute autre considération.
R. M.
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