Nucléaire iranien : Washington confirme le retour des sanctions contre Téhéran
Par Sadek S. – Les Etats-Unis rétabliront dès lundi 5 novembre toutes les sanctions contre l’Iran qui avaient été levées dans la foulée de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, confirment le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo et son collègue au Trésor, Steven Mnuchin.
Les sanctions en question prévoient l’imposition de pénalités pour tout Etat ou entreprise étrangère qui continue de faire des affaires avec des entreprises privées et publiques iraniennes dans les secteurs des finances, de l’énergie et du transport de marchandises inscrites sur une liste noire américaine.
Quelque 700 personnes ou entités ont été ajoutées à cette liste, précise pour sa part le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin. Cela inclut la Banque centrale iranienne, un certain nombre d’institutions financières privées, des ports et des compagnies de transport. Il s’agit de la deuxième tranche de sanctions à être rétablies depuis que le Président américain Donald Trump a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien en mai dernier. Certaines sanctions avaient été rétablies 90 jours après ce retrait, et d’autres devaient l’être après 180 jours, soit lundi prochain.
Huit pays bénéficieront toutefois de dérogations et seront autorisés à continuer d’importer du pétrole iranien pour une durée limitée, indique le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo. Il s’agit d’Etats qui ont bel et bien tenté d’éliminer ces importations, mais qui n’ont tout simplement pas réussi à y parvenir à temps, a-t-il précisé. Ces Etats doivent être identifiés lundi 5 novembre, mais des sources d’Associated Press indiquent que l’Italie, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud font parties du lot. La Turquie dit aussi avoir été exemptée.
Les Etats-Unis vont aussi couper du circuit bancaire international Swift certaines institutions financières iraniennes frappées par des sanctions, a fait savoir Mnuchin. D’autres resteront toutefois liées à ce système, contre l’avis de certains faucons au Congrès américain qui ne souhaitaient aucune exemption. Pompeo et Mnuchin ont tous les deux affirmé que des exemptions ont été prévues pour des «transactions humanitaires».
Selon Pompeo, le retour des sanctions vise «à modifier en profondeur le comportement» de la République islamique. Il a d’ailleurs publié une liste de 12 demandes auxquelles Téhéran doit répondre si elle veut leur levée.
L’annonce du retour de ces sanctions a été accueillie avec une attitude de défi à Téhéran. «Les Etats-Unis ne parviendront pas à prendre des mesures contre notre grand et brave pays», a déclaré à la télévision d’Etat un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bahram Qasemi. «Nous avons les connaissances et les capacités pour gérer les affaires économiques du pays», a-t-il ajouté. Le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 a été décrié aussi par les autres signataires, soit la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine et la Russie. Ils ont tous noté que l’Iran respectait les engagements pris en vertu de l’accord, comme le confirme régulièrement l’Agence internationale de l’énergie atomique, chargé de sa surveillance.
Dans une déclaration conjointe publiée peu après, l’UE, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont d’ailleurs réaffirmé leur détermination à poursuivre la mise en œuvre de l’accord sur le nucléaire iranien. Ils disent «regretter vivement» le rétablissement des sanctions. «Le JCPOA [acronyme du nom anglais de l’accord, NDLR] constitue un élément majeur de l’architecture mondiale de non-prolifération nucléaire et de la diplomatie multilatérale, approuvé à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations Unies dans sa résolution 2231. Il est essentiel pour la sécurité de l’Europe, de la région et du monde entier», déclarent-ils.
S. S.