Sahara Occidental : le Makhzen torpille déjà les négociations de Genève
Par Sadek Sahraoui – Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a confirmé la volonté du Makhzen de continuer à bloquer le processus de règlement du conflit du Sahara Occidental.
Mais avant cela, il a surtout donné raison à tous ceux qui pensent actuellement que Rabat fera tout ce qui est en son pouvoir pour saborder la réunion sur le dossier prévue à Genève en décembre prochain.
Dans un entretien qu’il vient d’accorder au quotidien français Le Monde, le chef de la diplomatie marocaine qui était invité à donner son opinion sur cette rencontre de prise de contact avec le Front Polisario a avancé que «certaines choses ne sont pas négociables pour le Maroc, à savoir toute solution qui remettrait en cause l’intégrité territoriale du royaume ou qui prévoirait une option référendaire».
Autrement dit, le Makhzen n’est pas prêt à reconnaître au peuple sahraoui dont il a colonisé le pays en 1975 le droit de s’autodéterminer, un droit qui est pourtant inaliénable et qui est la pierre angulaire du processus de règlement du conflit. Pour Nasser Bourita la rencontre de Genève ne devrait donc servir qu’à donner un verni légal à l’occupation par le Maroc du Sahara Occidental.
La sortie du ministre marocain n’étonne pas du tout même si son pays a accepté il y a quelques semaines de prendre part aux discussions de Genève – programmées par Horst Köhler, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental,– sans mettre en avant des conditions préalables.
Selon toute vraisemblance, il ne faudrait donc pas attendre grand-chose du cycle de consultations prévu par Horst Köhler qui risque clairement de se voir faire indéfiniment la navette entre New York et Rabat pour rien. Cela un peu comme l’avait fait son prédécesseur, l’ancien ambassadeur américain Christopher Ross.
Ce n’est pas la première fois en effet que le Maroc, avec la complicité de son allié traditionnel, s’essaye de faire tourner en bourrique les envoyés spéciaux de l’ONU pour le Sahara Occidental. C’est ce qu’il fait en réalité depuis 1991, date de la signature par Hassan II et Mohammed Abdelaziz d’un accord de cessez-le-feu. Un accord qui devait être immédiatement suivi d’un référendum d’autodétermination au profit du peuple sahraoui. Ce référendum n’a toujours pas eu lieu par la faute évidemment du Maroc mais aussi du Conseil de sécurité de l’ONU qui n’a pas le courage d’appliquer ses propres résolutions. Que l’on ne se hâte donc à reprocher quelque chose aux Sahraouis si demain ils décidaient de reprendre les armes pour recouvrer leur liberté et leur dignité.
S. S.
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