Logique de séparation
Par Bachir Medjahed – Qu’est-ce qui peut bien séparer autant les Algériens assez pour que le versement du sang puisse devenir le moyen avec lequel exprime la haine envers l’autre ? Qu’est-ce qui peut bien séparer autant les Algériens assez pour qu’on parle de clans au lieu de courants, assez pour que soit possible l’installation de la guerre froide entre les régions et qu’à celle-ci se superpose une guerre entre des idéologies mortelles l’une pour l’autre ?
Quoi pouvoir défendre en commun quand on s’arrange pour diverger sur tout ?
Tous parlent de défendre la culture mais chacun sait qu’il ne s’agit pas de la même culture et que les perceptions n’ont jamais cessé d’être contradictoires sur le contenu à donner à ce concept. Ces perceptions contradictoires ont induit des contradictions même sur l’espace géopolitique auquel le pays doit s’arrimer. Les uns regardant vers l’Orient et les autres vers l’Occident, très peu étant frappés de strabisme politique, un œil sur chaque espace pour affectionner les équidistances.
Tous parlent d’un Etat fort mais, aujourd’hui encore, tous divergent sur la nature de l’Etat à construire et selon des convictions contradictoires, ou plutôt antagonistes car entrant en confrontation et pas seulement sur le plan des idées.
D’abord, c’est quoi un Etat fort ? Là encore, et surtout là, il y a de profondes divergences. Les uns optent pour le renforcement des moyens de répression dans un contexte d’absence de libertés publiques, alors que d’autres pensent que l’Etat est fort par la confiance qu’il inspire aux populations quand l’individu passe au stade de citoyen et par l’existence de contrepouvoirs.
Nous sommes dans un contexte où il apparaît qu’il n’y a pas d’unicité au sein du pouvoir, malgré les dénégations de ceux qui y sont, que cela soit comme noyau central ou électron en orbite. Nous sommes également dans un contexte où l’opposition ne réunit pas les conditions de cohérence pour tenter de faire front commun.
Le pôle de puissance ne se trouve nulle part de part et d’autre de la ligne qui sépare l’opposition du pouvoir. Les lignes de fracture traversent autant le camp du pouvoir que celui de l’opposition, tandis qu’aucune donnée n’est fiable pour valider le caractère majoritaire de celle qui continuera, pour le moment, à se proclamer alliance en attendant probablement que des instructions d’en haut tombent pour annoncer des décisions dans une logique de séparation.
B. M.
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