Quelle attitude l’Algérie va-t-elle adopter envers le nouveau régime au Brésil ?
Par Kamel M. – La toute première démarche que le nouveau président brésilien a initiée dès qu’il a pris les rênes a été de transférer l’ambassade de son pays en Israël de Tel-Aviv à El-Qods. Message fort à l’adresse des Etats-Unis, tout d’abord, envers lesquels Jair Bolsonaro fait ainsi acte d’allégeance et de soumission.
Le nouvel homme fort du Brésil va chambouler toute l’architecture géostratégique de l’Amérique du Sud. Elu à la tête du plus grand pays du continent, Bolsonaro fait faire au Brésil un virage à 180 degrés du jour au lendemain, sans transition aucune. Le Brésil, membre des BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud –, un conglomérat de pays du Sud censé assurer une force de négociation face aux puissants Etats industrialisés de l’hémisphère nord de la planète, change de cap et tourne le dos à ses anciens alliés.
Quelle attitude l’Algérie va-t-elle adopter vis-à-vis du nouveau régime de Brasilia ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le président d’extrême-droite a nommé à la tête du ministère de la Culture un ancien acteur de films pour adultes, selon des médias occidentaux.
Les relations entre l’Algérie et le Brésil ont toujours été qualifiées d’excellentes sous la direction des prédécesseurs de Jair Bolsonaro. Mais une série de scandales – réels ou provoqués – ont coûté son poste à Dilma Roussef et conduit Lula da Silva en prison. Ces changements brutaux à l’intérieur de ce pays, qui joue un rôle important sur la scène internationale, risquent d’affecter ces relations éminemment politiques, puisque les échanges commerciaux entre les deux pays sont loin d’atteindre un niveau qui les hisse au rang de partenariat stratégique, comme c’est le cas avec les pays de la rive nord de la Méditerranée, pour des raisons géographiques évidentes.
Mais le poids du Brésil dans le soutien aux causes au triomphe desquelles l’Algérie se bat risque de peser négativement sur les dossiers de décolonisation (Palestine et Sahara Occidental) et sur l’effort des pays du Sud d’arracher des droits en menant un combat de longue haleine contre l’hégémonie des pays industrialisés dont le diktat avait été quelque peu freiné grâce à la conjonction des efforts entre les cinq premières économies hors G7.
L’Algérie n’a pas réagi à l’élection du président Jair Bolsonaro. Signe, sans doute, qu’Alger a d’ores et déjà annoncé la couleur, en limitant les relations avec le Brésil au minimum diplomatique tant que l’extrême-droite y sera aux commandes.
K. M.
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