Esclavagisme et travail forcé : Trump exclut la Mauritanie de l’AGOA
Par Sadek Sahraoui – Dans un décret présidentiel que vient de rendre public le Bureau américain en charge du commerce, le président Donald Trump a informé le Congrès américain ainsi que le gouvernement mauritanien de la suspension de la Mauritanie des facilités accordées dans le cadre de la Loi sur la croissance et les perspectives économiques en Afrique(AGOA) à compter du 1er janvier 2019.
La raison ? Washington explique que sa décision a été motivée par le manque de progrès du pays en matière de lutte contre l’esclavage en Mauritanie. «La Mauritanie ne respecte pas les critères d’éligibilité de l’AGOA. En particulier, la Mauritanie n’a pas progressé dans la lutte contre le travail forcé, précisément contre le fléau de l’esclavage héréditaire. En outre, le gouvernement mauritanien continue à limiter la capacité de la société civile à travailler librement pour résoudre les problèmes liés à la lutte contre l’esclavage», peut-on lire dans le décret du président des Etats-Unis.
Pour Washington qui se sert souvent de l’AGOA pour mettre pression sur certains gouvernements, «il fallait prendre rapidement cette décision comme preuve de la détermination des Etats-Unis contre l’esclavage». «Les pratiques de travail forcé ou obligatoire telles que l’esclavage héréditaire n’ont pas leur place au XXIe siècle», a commenté le représentant adjoint du commerce des Etats-Unis, C. J. Mahoney. «Cette action souligne la détermination de notre Administration à mettre fin à l’esclavage moderne et à appliquer les dispositions relatives au travail dans nos lois et accords commerciaux. Nous espérons que la Mauritanie travaillera avec nous pour éliminer le travail forcé et l’esclavage héréditaire afin que son éligibilité à l’AGOA soit rétablie à l’avenir», a ajouté ensuite le responsable américain.
Des médias africains rappellent que «les relations entre Washington et Nouakchott ne sont plus au beau fixe depuis quelque temps. D’abord, il a fallu sept ans à la Mauritanie pour être admise dans l’AGOA (créée en 2000)», ajoutant que «les Etats-Unis dénoncent des emprisonnements de militants politiques». Récemment, précisent-ils, «une délégation d’activistes américains invitée par l’ONG SOS Esclaves Mauritanie avait été refoulée à son arrivée à Nouakchott malgré une concertation préalable avec le gouvernement. Ce qui a aggravé les relations très fragiles entre les deux gouvernements».
S. S.
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