Le journal L’Humanité : «Le pouvoir algérien est usé jusqu’à la corde»
Par R. Mahmoudi – Les titres de la presse française sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la situation politique qui prévaut en Algérie. C’est le cas de L’Humanité, proche du PCF, qui, dans un reportage, revient sur les dernières circonvolutions qui ont secoué la scène nationale.
«Alors que le clan présidentiel agite le scénario surréaliste d’un cinquième mandat, écrit d’entrée l’envoyée spéciale de L’Humanité, les Algériens observent avec amertume et effarement la guerre de succession ouverte au sommet de l’Etat et de l’armée.»
Emboîtant le pas au magazine français Marianne qui avait dépeint, il y a quelques jours, un portrait des plus alarmistes du président Bouteflika, en écrivant, sur un ton ironique : «Bouteflika, sait-il qu’il va se présenter ?» l’envoyée spéciale de L’Humanité écrit : «Le 1er novembre, pour les célébrations du déclenchement, en 1954, de la Guerre de libération, Abdelaziz Bouteflika faisait, très affaibli, sur son fauteuil roulant, une rare apparition publique. Saisissante image d’un pouvoir usé jusqu’à la corde.» Citant un «observateur averti», la journaliste enchaîne : «On ignore désormais qui décide autour de lui, c’est terrifiant. Nous sommes un peuple fier, le premier à avoir résisté à l’instauration d’une théocratie. Là, nous sommes humiliés, traînés dans la boue (…)»
Faisant un rappel de la chronologie des événements depuis la saisie, le 29 mai au large d’Oran d’une cargaison de 700 kilos de cocaïne, la reporter du journal français s’arrête sur l’annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, faite par le chef du FLN, Djamel Ould-Abbès, en tenant à rappeler que cette déclaration a été, sur le coup, «interprétée par la presse internationale comme l’officialisation d’une candidature du sortant à un cinquième mandat». Pour elle, ce n’était qu’«une manœuvre de plus, destinée à tenir à l’écart de cette chaotique succession un peuple algérien qui observe avec amertume et effarement ces byzantines manigances».
Plus loin dans son reportage, la journaliste revient sur «le désenchantement» des Algériens qui n’est pas, selon elle, synonyme de «résignation», comme l’atteste le nombre effarant d’émeutes qui sont enregistrées chaque année à travers le pays. Face au bouillonnement de la société, le «système Bouteflika» répond toujours par plus de restriction des libertés publiques.
R. M.
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