Le Sila déroule le tapis rouge à la marionnette fétiche algérophobe
Par Youcef Benzatat – Alger serait passée en quelques décennies de la vocation de Mecque des révolutionnaires à un lieu devenu la risée du monde. La dernière forfaiture a lieu en ce début du mois de novembre, à l’occasion du dernier Salon international du livre d’Alger (Sila), comme un affront au 64e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Plus qu’un affront, une «guerre», comme l’a déclaré Kamel Daoud dans son dernier article paru dans le New York Times : «Ma guerre à la guerre d’Algérie». Un algérophobe connu et reconnu internationalement et consacré par tous ceux qui voient l’Algérie comme une proie à déchiqueter. Non seulement il fut invité au Sila avec grand bruit par ceux qui ont fait main basse sur les richesses du peuple, mais il fut également encensé et plébiscité par les médias rapines qui se nourrissent vicieusement par une part des mamelles de la rente.
Alors que Michel Collon, journaliste et écrivain belge parmi ceux qui sont les plus actifs dans la dénonciation des crimes de l’impérialisme américain au Moyen-Orient et en Amérique latine, de l’ingérence politique et du pillage de l’Afrique par la Francafrique, du sionisme colonialiste et ses crimes contre l’humanité à l’encontre du peuple palestinien et surtout des puissances qui instrumentalisent le terrorisme transnational, s’est vu interdire les ventes-dédicaces de ses publications aux éditions Investig’Action, ainsi que la tenue d’une table ronde à laquelle devrait participer l’auteur libanais George Corm (ancien ministre des Finances) et le journaliste Walid Charara.
Si, à Alger, les contrebandiers de la République, le lobby de la chkara, ont réussi à l’évincer sans peine, à Beyrouth, où se tient du 2 au 7 novembre l’équivalent du salon du livre d’Alger, malgré la pression du lobby sioniste sur le gouvernement et le ministère de la Culture belge, qui ont réussi à interdire à Michel Collon de faire des ventes dédicaces sur le stand des éditeurs belges et de la Librairie Antoine, les Libanais se sont montrés assez digne pour le soutenir à pouvoir tenir la même table ronde censurée à Alger, avec les mêmes conférenciers, le journaliste Walid Charara et l’ancien ministre des Finances George Corm, contrairement à Alger où aucun mots n’a filtré sur ce scandale sur les médias.
Plébisciter les uns et censurer les autres est un choix sélectif qui répond à une logique. Comment ne pas penser à la rente, à la voracité et à la prédation, comme s’enorgueillit vicieusement à dénoncer l’un de ces médias supplétifs ?
Objectif non avoué : plébisciter la marionnette fétiche en grande pompe et lui dérouler le tapis rouge à Alger, tout en chassant en silence et sans bruit le venin qui agit en éveilleur des consciences de ces peuples du tiers-monde exposés sans défense face à la gueule vorace de l’impérialisme et du sionisme colonialiste, pilleur, destructeur et criminel.
Jouer Daoud contre Collon, formule gagnante à coup sûr. La reconduction des contrebandiers sera assurée encore pendant plusieurs années. Yasmina Khadra pourra encore être plébiscité à nous évoquer avec passion les moments idylliques que nous avons vécus sous la torture et l’exclusion pendant l’époque coloniale et Kamel Daoud continuer à faire sa guerre à la guerre de Libération nationale. Et, du moment qu’on y est, pourquoi ne pas encourager nos jeunes écrivains pour qu’ils s’attèlent à éveiller les consciences des nouvelles générations sur le fait que le peuple algérien n’existait pas avant la violation coloniale du territoire national et que les harkis avaient le droit de choisir de violer nos femmes, de piller nos maigres fortunes, d’assassiner les plus vulnérables parmi nous et de jeter les moudjahidine entre les mains de nos bourreaux pour un festin de torture ?
Y. B.
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