Tayeb Louh clache Ahmed Ouyahia : le gouvernement au bord de l’implosion ?
Par R. Mahmoudi – Lors de son intervention, lundi, devant la société civile de la ville d’Oran, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, s’en est pris au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à un moment où la solidarité gouvernementale semblait de mise face à une accumulation de problèmes et de crises qui fragilisaient l’Exécutif.
Louh reproche ainsi à son Premier ministre des manquements graves, dont celui de n’avoir pas su appliquer les directives du président de la République concernant «les règles d’équité qui fondent la politique de l’Etat». Malicieusement, le ministre de la Justice rappelait à Ouyahia le désaveu qu’il avait essuyé en 2017, en rendant hommage à la perspicacité du chef de l’Etat pour avoir décidé, en 2017, d’annuler les nouvelles taxes instituées par le gouvernement, dans la cadre de la loi de finances sur les documents biométriques.
En effet, l’instauration de taxes sur des documents administratifs aussi demandés par les citoyens que la Carte d’identité nationale avait exaspéré les Algériens et accru, du coup, l’impopularité d’Ahmed Ouyahia.
Plus pernicieux, Tayeb Louh rappelait à son auditoire l’épisode, non moins sombre, de l’incarcération de centaines de cadres d’entreprises publiques, au milieu des années 1990, sur ordre d’Ahmed Ouyahia. Louh affirmait, à ce propos, sentencieusement : «Finis les abus dont étaient victimes des cadres de l’Etat !» Plus ambigu, il ajoutera : «La justice à l’heure actuelle ne regarde pas ce qui est interdit ou ce qui ne l’est pas mais est fondée sur des bases plus larges pour être au diapason de l’évolution qui reflète les valeurs de la société de ses repères.»
Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette attaque frontale et inédite de Tayeb Louh contre le Premier ministre dans la conjoncture actuelle ? Déjà donné par la presse comme possible successeur d’Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement, au moins à deux reprises, Tayeb Louh a certainement choisi un moment de flottement au sein de l’Exécutif pour lui porter l’estocade, dans le dessein, sans doute, d’en précipiter la chute.
Maintenu certainement pour faire face à un début d’ébullition sociale et assurer une rentrée qui s’annonçait difficile, voire chaotique, le gouvernement Ouyahia semble, en effet, avoir atteint ses limites. Après la série de changements qui a touché tous les secteurs, le dernier en date étant le vaste mouvement opéré dans le corps des chefs de daïra, le président de la République va-t-il, enfin, décider d’un remaniement gouvernemental ou ministériel ?
R. M.
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