A-t-il enfin compris ?
Par Sadek Sahraoui – La suggestion du roi du Maroc qui «tend la main aux frères en Algérie pour qu’ils travaillent ensemble à surmonter les divergences bilatérales» car «l’intérêt des deux peuples réside dans leur unité, leur complémentarité, leur intégration» sans qu’«une tierce partie joue, entre nous, les intercesseurs ou les médiateurs», reprend l’essentiel d’une série de propositions faites par l’Algérie il y a plus de dix ans. Le Maroc les avait alors repoussées sans même avoir pris le soin de les étudier.
Mohammed VI revient-il à la raison ? A-t-il enfin compris que le Maroc n’a aucun intérêt à avoir pour ennemi un pays comme l’Algérie ? Cela reste à voir. Mais il faut toutefois dire que le timing choisi pour lancer son invitation au dialogue laisse perplexe. Le choix de la date anniversaire de la colonisation du Sahara Occidental peut, en effet, amener la partie algérienne à considérer son offre avec méfiance et même à y voir une énième manœuvre de sa part pour tenter de «bilatéraliser» le conflit du Sahara Occidental. Or, il n’en est pas question pour les autorités algériennes pour lesquelles le problème concerne uniquement le Front Polisario et le Maroc.
Mais, par-delà, l’Algérie a toujours préconisé la mise à plat de tous les «contentieux» et une redéfinition en profondeur des relations algéro-marocaines. Rabat s’y est toujours opposée.
Dans son discours, Mohammed VI a fait, en outre, un constat que tout le monde fait. Il a déploré «l’état de division et de discorde qui sévit actuellement au sein de l’espace maghrébin», faisant observer que cette situation s’inscrit en «opposition flagrante et insensée» avec ce qui unit les peuples de la région. Il a noté que cet état «contraste avec l’ambition de concrétiser l’idéal unitaire maghrébin, qui animait la génération de la Libération et de l’Indépendance, ambition qui s’est incarnée en 1958 par la Conférence de Tanger dont nous célébrons le soixantième anniversaire». Mais, encore, à qui la faute ?
S. S.
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