La France, le Qatar et les Emirats servent de porte-voix au Makhzen
Par R. Mahmoudi – Sans même attendre la réaction officielle de l’Algérie, qui n’est pas acquise d’avance contrairement à ce qu’ont laissé entendre des sources autorisées, les alliés traditionnels du Maroc saluent, à l’unisson, la «volonté» du roi Mohammed VI d’engager un dialogue direct et franc avec l’Algérie, en présentant cet appel comme la clé de voute de toute relance des relations entre l’Algérie et le Maroc, que l’autre partie aurait fatalement tort d’ignorer ou de rejeter.
Paris a été la première capitale européenne à réagir à la sortie du roi alaouite. Dans une déclaration, jeudi, le porte-parole du Quai d’Orsay a déclaré que son pays «a pris connaissance avec un grand intérêt de la proposition faite par le roi du Maroc d’un dialogue renouvelé avec l’Algérie», tout en affirmant que la France «a toujours appelé de ses vœux le renforcement des liens entre le Maroc et l’Algérie, qui sont des partenaires majeurs auxquels nous unissent des liens d’une densité exceptionnelle».
Dans les faits, tout le monde sait que la France a toujours pris fait et cause pour les positions marocaines sur toutes les questions litigieuses qui enveniment les relations entre l’Algérie et le Maroc, à commencer par la question sahraouie. Aussi la France a-t-elle toujours accompagné le Maroc, à travers ses relais diplomatiques et médiatiques, dans les différents conflits qui l’ont mis aux prises avec les juridictions internationales, notamment au sujet de l’accord agricole Maroc-Union européenne. Mieux, les médias français se sont toujours fait le relais de la propagande marocaine contre l’Algérie.
Autre allié du Maroc à «se réjouir» de cette proposition de Mohammed VI : Les Emirats arabes unis. Dans une déclaration rapportée par l’agence officielle émiratie, le ministre des Affaires étrangères, Abdallah Ben Zayed Al-Nehyan, a salué cette initiative de rapprochement avec «l’Algérie sœur», qu’il qualifie d’«historique». Lui donnant une dimension plus globale, le chef de la diplomatie émiratie va jusqu’à considérer que l’appel de Mohammed VI «s’inscrit dans le cadre des efforts visant à renforcer le dialogue entre frères et à assainir le climat arabe». Il juge, enfin, que l’ouverture d’un dialogue «franc et direct» entre frères est susceptible de «contribuer à l’affermissement des relations entre les deux pays».
Censé être neutre dans cette histoire, le ministre émirati s’est vite trahi, en exprimant, dans la même déclaration, son soutien et celui de son pays à la thèse marocaine concernant «les territoires sahraouis», réitérée par Mohammed VI lors de son dernier discours.
De son côté, le Qatar a salué ce qu’il qualifie d’initiative louable du souverain marocain, en formulant le vœu que le dialogue entre le Maroc et l’Algérie soit «constructif» et «fructueux». Pour Doha, «l’ouverture de canaux de discussions diplomatiques devrait dissiper les différends entre les deux pays frères», ignorant tous les efforts consentis par l’Algérie dans ce sens et annihilés par le Makhzen.
Des pays africains traditionnellement alignés sur les thèses colonialistes marocaines et dont les régimes sont entretenus par Paris, à l’instar de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, ont également fait écho au discours de Mohammed VI.
R. M.
Comment (89)