Lutte contre le terrorisme : comment évaluer les succès et les échecs ?
Par Bachir Medjahed – On a toujours dit que le terrorisme était militairement vaincu sans qu’il soit précisé les raisons d’une telle sentence. Qu’il y en ait qui le soutiennent ou qu’il y en ait qui le démentent, l’important n’est pas la déclaration mais l’analyse qui la sous-tend. Pourquoi l’analyse et pas seulement la déclaration ? Une analyse est plus éclairante en ce sens qu’elle est une partie intégrée comme composante de la lutte contre le terrorisme.
A partir d’une analyse, il y aurait plus de chances ou de risques d’imputer l’accalmie sécuritaire à une pause stratégique observée par les terroristes ou une parfaite désorganisation de ces derniers due à une pression très forte des forces de sécurité ou alors à leur démantèlement.
Quand peut-on affirmer qu’il y a un succès remarquable ou un échec remarquable dans la lutte contre le terrorisme ? A phénomène nouveau – si on admet qu’il s’agit d’un phénomène – évaluation nouvelle adaptée. Des repères peuvent exister s’il s’agit de la lutte contre d’autres formes de criminalité ou d’évaluer la sécurité publique. Mais, concernant le terrorisme, point d’instrument de mesure et de comparaison. Comment évaluer les rapports de force ?
Les gouvernants préfèrent ignorer la possibilité qu’il puisse exister une dose de motivations politiques qui expliquerait leur engagement dans des actions terroristes. Comment alors construire un plan de déradicalisation ? Sur quel contenu ? Peut-on parler de succès remportés dans la lutte contre le terrorisme tout simplement parce que celui-ci n’est pas arrivé à se saisir du pouvoir ou d’échec parce que celui-ci est encore actif et donc non éradiqué ? Doit-encore continuer à soutenir que le terrorisme est un phénomène étranger à notre société et nous épargner l’opportunité de l’étudier ?
Echec, devant, dit-on, les insuffisances des effectifs dans les rangs terroristes dues à la conjonction de trois facteurs majeurs, à savoir les neutralisations physiques, l’érosion dans les rangs terroristes due à la fois à la lutte menée par les forces de sécurité et à la réconciliation nationale, devant une démotivation génératrice même d’un recul dans le recrutement, les terroristes ont recours à une nouvelle forme de terreur.
Plusieurs remarques sont à faire. Il est reconnu la difficulté à prévoir, à identifier sur place et donc, à parer à de telles actions terroristes, des attentats spectaculaires où des jeunes sont assez endoctrinés pour se transformer en bombes humaines ou pour accepter de détruire leur propre vie pour en détruire d’autres. S’il s’agit d’un modèle importé, il ne faut pas s’arrêter à ce constat et oublier que des Algériens le pratiquent.
L’Algérie avait prévu ce cas et avait voulu qu’il ne produise pas de tels amalgames en évoquant comme nécessité opérationnelle la définition du contenu du concept de terrorisme sous auspices onusiens. Mais cela ne suffit pas. Les systèmes politiques et économiques qui produisent en réaction du terrorisme devraient être étudiés dans ces dimensions génératrices.
B. M.
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