Conférence de Palerme sur la Libye : de retour de Moscou, le maréchal Haftar nargue les Italiens
Le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, ne participera pas ce mardi 13 novembre à la conférence de Palerme (Sicile) sur la Libye, même s’il est arrivé sur place lundi 12 novembre soir, a annoncé son service de presse.
Le commandement de l’armée nationale libyenne (ANL) a démenti la participation de Haftar à la conférence, affirmant qu’il s’était rendu en Sicile pour «tenir des séries de rencontres avec les présidents des pays du voisinage pour discuter des derniers développements sur le plan national et international».
En plus de fragiliser la rencontre, ce refus dénote que le torchon brûle toujours entre Tripoli et Tobrouk. L’attitude du maréchal Khalifa Haftar peut être aussi perçue comme un message envoyé aux Occidentaux qui sont perçus par les Libyens de l’Ouest comme ceux de l’Est comme les responsables de la crise.
Au-delà, le maréchal rechigne effectivement à s’asseoir à la même table que certains des participants à cette conférence, qu’il considère comme des extrémistes islamistes. Il ne s’en est d’ailleurs jamais caché.
A signaler qu’en lever de rideau à cette conférence, des réunions axées sur la sécurité ont eu lieu entre Conte et Salamè et des participants libyens. A cette occasion, Stephanie Williams, l’adjointe de Salamé, s’est félicité des réformes entreprises par le gouvernement de Al-Sarraj pour rétablir de l’ordre dans la capitale, après des affrontements meurtriers de septembre près de la capitale libyenne, affirmant toutefois qu’il «reste encore beaucoup à faire».
En plus des tensions entre factions libyennes, la conférence de Palerme est minée aussi par les divisions entre les différents pays qui s’intéressent de près à la Libye. Dans une interview à la presse française jeudi 8 novembre, Al-Sarraj a ainsi souhaité que la conférence débouche sur «une vision commune vis-à-vis du dossier libyen», soulignant «la nécessité d’unifier les positions» de Paris et Rome. Après la rencontre de Paris, Rome avait reproché à la France de vouloir faire cavalier seul sur la Libye.
Notons qu’une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement participent à cette conférence, à laquelle ont été conviés une trentaine de pays dont l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, le Qatar, l’Arabie Saoudite, la Turquie, le Maroc, la France, l’Allemagne, la Grèce ou l’Espagne. L’Union européenne est représentée par le président du Conseil européen, Donald Tusk, et la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Côté libyen, le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) internationalement reconnu, Fayez Al-Sarraj, le président du Parlement, Aguila Salah, celui du Conseil d’Etat, équivalent d’une chambre haute à Tripoli, Khaled Al-Mechri, et Haftar sont présents à Palerme, ainsi que des représentants de certaines milices.
Le gouvernement italien entend faire de ce rendez-vous de Palerme, qui fait suite à la conférence de Paris sur la Libye en mai dernier, l’occasion pour la communauté internationale de resserrer les rangs derrières les Nations unies dont la feuille de route a été présentée jeudi 8 novembre à New York par l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé.
S. S.
Comment (6)