Les islamistes décrètent la fête du Mawlid haram : Aïssa s’insurge
Par R. Mahmoudi – Après une guerre larvée autour du contrôle des mosquées et des comités religieux, qui est encore loin de connaître son épilogue, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, croise de nouveau le fer avec les salafistes, qui se trouvent même dans des organisations comme celle des oulémas, au sujet de la célébration du Mawlid Ennabaoui.
S’exprimant vendredi lors de l’inauguration de la mosquée Cheikh-Larbi-Tébessi dans la wilaya de Tébessa, le ministre s’en est pris vivement aux salafistes, sans les nommer, en déclarant : «Celui qui veut empêcher la célébration du Mawlid Ennabaoui veut que les cœurs des jeunes se vident de l’amour du Prophète Mohamed (QSSSL), et qu’ils s’abreuvent de l’amour de Halloween ou de Noël !» Et d’enchaîner, sur un ton romantique : «Ils veulent vider les cœurs de nos fils de l’amour du Prophète et empêcher à nos filles de mettre le khôl pour espérer apercevoir le Prophète lors de son anniversaire.»
Le ministre répliquait indirectement à une campagne acharnée sur les réseaux sociaux appelant à l’interdiction de toute forme de célébration du Mawlid, en le déclarant «haram» (illicite) ou «bidâa» (hérétique) du point de vue religieux. Ces appels corroborés par certains médias pro-islamistes coïncident avec une étrange fatwa lancée par le responsable de l’instance des fatwas au sein de l’Association des oulémas, Zine El-Abidine Ben Hanafia, qui déclare la célébration du Mawlid «non conforme à la Charia», sous prétexte que les «prédécesseurs» ne l’ont jamais fêté. «Cette célébration, explique-t-il, ne saurait exprimer l’amour des fidèles pour le Prophète (QSSSL) parce que l’amour exige obéissance et loyauté.»
Concomitamment à cette levée de boucliers, et comme appui au plaidoyer de Mohamed Aïssa pour un islam algérien authentique, la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a adressé une instruction à l’ensemble des directeurs de wilaya leur enjoignant de célébrer le Mawlid Ennabaoui, prévu mardi prochain, à travers de riches programmes d’animation «dans le respect des constantes nationales, à savoir l’islam, l’arabité et l’amazighité», en mettant en relief les traditions de chaque région.
R. M.
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