Gestion de l’immigration clandestine : l’hypocrisie européenne vivement dénoncée
Par Hani Abdi – L’attitude européenne face aux flux migratoires venant de la rive-sud de la Méditerranée est vivement critiquée. Le président du Comité d’organisation du Parlement africain de la société civile, Ali Sahel, qualifie les dirigeants européens d’«hypocrites» qui «refusent de traiter convenablement ce fléau» en l’attaquant à sa source, à savoir la pauvreté, les aléas climatiques, l’instabilité et la guerre. Les Etats européens, selon lui, cherchent à siphonner la meilleure ressource humaine et empêchent par tous les moyens l’accueil de ceux qui souffrent des affres de la guerre, des conflits ethniques et de la misère.
Ali Sahel dénonce «l’exploitation sauvage» des richesses africaines par des multinationales dont le seul souci est le profit. Ces multinationales sont en train d’exploiter de manière sauvage toutes les richesses de l’Afrique au détriment de sa population et de son milieu géographique», a-t-il dit.
Pour le président du comité d’organisation du Parlement africain, qui s’est exprimé aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III, «il est impératif d’agir pour faire comprendre aux Européens qu’ils ont une grande part de responsabilité dans ce qui se passe actuellement en Afrique et en quelque sorte responsables des malheurs qui frappent les populations du continent africain». Il considère que la question de la souveraineté de décision dans le traitement du phénomène migratoire est primordiale. Autrement dit, les pays africains doivent s’organiser eux-mêmes pour traiter des solutions concrètes et efficaces à ce phénomène, avec, bien entendu et surtout, l’aide financière de ceux qui profitent des richesses de ce pays.
Ali Sahel estime ainsi que les Etats africains doivent prendre leur destin en mains et s’imposer comme force dans le monde. Une force qui doit être écoutée parce que plus de 50% des richesses naturelles mondiales sont en Afrique et parce que ce continent subit plus que les autres le réchauffement climatique. Il assure que toutes les promesses d’aide financière européenne n’ont pas été tenues.
Il considère la lutte contre la fuite des élites et des capitaux comme essentielle pour développer le continent. «Le moment est venu, estime-t-il, pour l’Afrique d’assumer ses responsabilités et de se pencher méthodiquement sur les problèmes qui la rongent». Ali Sahel dénonce dans ce contexte le discours paternaliste européen selon lequel les Etats africains ne peuvent pas régler leurs problèmes. Il considère que les Etats européens sont mal placés pour donner des leçons sur le respect des droits de l’Homme et des migrants, puisqu’ils sont arrivés jusqu’à refuser d’accueillir des naufragés en pleine Méditerranée. Cela, sans oublier le racisme et la xénophobie dont sont victimes les ressortissants africains en Europe.
Ali Sahel a défendu la position de l’Algérie et sa politique de gestion des flux migratoires, estimant que les critiques ciblant l’Algérie sur ce dossier «visent à salir son image et à faire pression sur ses dirigeants pour qu’elle accepte l’agenda européen sur la question migratoire».
H. A.
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