Théâtre de Tizi-Ouzou : hommage au maître du chaâbi «Cheikh El Hadj M’hamed El Anka El Meddah»
La pièce théâtrale Cheikh El Hadj M’hamed El Anka El Meddah a été présentée samedi 17 novembre au théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou, devant une assistance moyenne venue découvrir cette œuvre consacrée et rendant hommage au maître du chaâbi.
Le spectacle écrit et mis en scène par Mahfoud Fellous revient sur des étapes du parcours artistique exceptionnel du Cheikh M’hamed El Anka (1907-1978), un rôle campé par Mohamed El Hadj Boualem, et qui retrace des événements qui ont marqué la carrière fulgurante de celui qu’on surnommait le Cardinal.
Le spectacle d’un peu plus d’une heure et demie s’ouvre par un tableau représentant les parents d’El Anka, se souciant de l’éducation et de l’avenir de leur enfant qui présentait des prétentions musicales, s’inquiétant pour cet intéressement à l’art, ce qui n’était pas admis à l’époque.
Le Cardinal apparaît au deuxième tableau dans la terrasse du café Kahwet lagare, où il rencontre son futur maître, Cheikh Mustapha Nador qui l’intégrera dans sa troupe musicale ayant apprécié sa mémoire vive et sa capacité à apprendre et mémoriser un ksid (chanson) après l’avoir écouté une seule fois.
Se suivent alors des tableaux qui relatent les grands moments de la carrière artistique d’El Hadj M’hamed El Anka, et l’influence du milieu populaire (La Casbah d’Alger) où il a vécu, et des événements de son époque, le colonialisme français, la Révolution et l’Indépendance nationale, sur son art qu’il a voulu populaire, ayant fait le choix de s’adresser sans détour au cœur des enfants de son peuple.
Les modifications qu’il a apporté à l’andalous tant au plan de la langue qu’au plan de la musique et l’introduction du banjo pour populariser ce genre lui ont valu des critiques acerbes de la part des puristes, un apport à la chanson algérienne que le scénariste a tenu à mettre en évidence en rappelant que le Cardinal disait à propos de son art : «Je chante pour les Algériens.»
Jouée dans un arabe dialectal algérois, la pièce rend aussi hommage au parler du vieil Alger qui est ponctué de dictons et de proverbes, aux traditions de cette société née d’un brassage de populations de plusieurs régions d’Algérie, ainsi qu’aux métiers de la misère pratiqués par les Algériens sous le colonialisme (vendeurs de journaux, porteurs, cireurs de chaussures…).
La référence à la résistance du peuple au colonisateur, ainsi qu’à la libération nationale est fortement présente dans la pièce. Ces événements ayant accompagné et forgé le parcours du maître du chaâbi. Les tableaux sont séparés par des noirs obscursissant la scène laissant place à des extraits du riche répertoire d’El Hadj M’hamed El Anka.
Des chansons de ce maître étaient aussi diffusées en flash-back. L’intervention de la voix off de Alae Eddine Nouar dans le rôle du narrateur assure également les transitions. Le spectacle est plutôt linéaire emprunt de monotonie par la succession des tableaux joués dans un seul décor (signé Abdelghani Khabil), à savoir la terrasse d’un café, et le sérieux des comédiens. Une linéarité que deux scènes drôles ont permis de détendre, faisant rire le public qui a gratifié les comédiens d’un standing-ovation à la fin du spectacle .
R. C.
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