Crisis Group : «Des groupes d’intérêts influents cherchent à protéger le statu quo»
Par Hani Abdi – L’ONG internationale Crisis Group prévient contre les risques de persistance de l’impasse politique actuelle sur la situation économique du pays. Cette ONG spécialisée dans l’analyse et l’aide au règlement des conflits, considère la situation politique actuelle comme le principal handicap pour le développement économique.
L’impasse politique, souligne cette ONG dans une fiche publiée aujourd’hui sur l’Algérie, a bloqué les réformes économiques indispensables. «Pour éviter une nouvelle ère d’instabilité, le gouvernement devrait accroître la transparence et la responsabilisation au sein des institutions de l’Etat et du secteur privé, ainsi que les possibilités offertes aux jeunes en pleine croissance du pays», conseille Crisis Group pour lequel le modèle économique algérien, issu des années 1990, semble de moins en moins «viable».
«Malgré les promesses de réformes répétées, le système politique reste paralysé», relève cette ONG qui met en avant l’incertitude entourant une éventuelle succession présidentielle. Crisis group estime qu’une «classe d’entrepreneurs dépendant de la commande publique cherchent à préserver le statu quo, empêche de progresser dans les réformes indispensables nécessaires pour faire face aux défis de la décennie à venir». Pour cette ONG, «deux obstacles principaux se dressent sur le chemin. Des groupes d’intérêts influents sur le plan politique cherchent à protéger le statu quo qui profite à la classe des entreprises dépendant de l’Etat. Et les facteurs politiques freinent l’enthousiasme pour une approche plus agressive : le souvenir de la tourmente politique et des effusions de sang qui ont suivi les mesures d’austérité et les réformes politiques dans les années 1980 et 1990 perdure».*
Cette ONG affirme que «la question de la succession présidentielle et de l’héritage que laissera Abdelaziz Bouteflika, président depuis 1999 et architecte de la réconciliation nationale, laissera de côté de grandes préoccupations». Crisis Group estime qu’il est impératif pour l’Algérie de franchir la première étape en améliorant la transparence de la gestion des finances publiques et en ouvrant le débat le plus large possible sur les défis auxquels le pays est confronté. Car le besoin de longue date de l’Algérie de diversifier son économie hors hydrocarbures est devenu une urgence depuis la chute spectaculaire des prix du pétrole en 2014. Les nouvelles réalités financières, indique ce groupe, «ont rendu les dépenses élevées de la décennie précédente insoutenables, vidant rapidement les coffres de l’Etat et creusant le déficit».
«Malgré les vœux successifs des gouvernements d’appliquer des réformes et de rééquilibrer les finances de l’Etat, la paralysie politique a empêché une politique décisive. L’histoire récente – le souvenir de la récession économique des années 1980 et de l’instabilité politique qui a conduit à la guerre civile dans les années 1990 – entrave les efforts du gouvernement pour rechercher un consensus politique sur les réformes et les mettre en œuvre», ajoute Crisis Group qui relève ainsi l’urgence de faire sortir le pays de ce statu quo politique.
Un constat déjà établi par des forces de l’opposition.
H. A.
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