Juste un aller-retour
Par Bachir Medjahed – Plus on s’approche de l’échéance présidentielle, plus on remarque que le pouvoir a mis en place une véritable stratégie d’occupation de la scène politique. L’opposition est étouffée. Elle se plaint plus qu’elle n’agit. Elle est devenue commentatrice. Non homogène qui plus est. Elle s’exprime à plusieurs voix.
Le pouvoir a la capacité d’innover, d’agir, de lancer des initiatives. Il peut car il est le pouvoir. L’opposition, par contre, ne peut rien faire en termes d’action. Pour que l’opposition puisse, il faudrait qu’il existe des institutions d’Etat et non pas des institutions au service du pouvoir.
Encore faudrait-il que si le pouvoir s’effondre, il émerge un pilote. Le pouvoir ne peut s’effondrer que si les populations ne sont plus contrôlables et que l’armée soit dans l’obligation d’intervenir à nouveau, à moins que l’opposition arrive à contenter et calmer les foules.
Y a-t-il des institutions «légitimes» ? La question a sa place. Surtout en ces moments où des parties de la population ainsi que des parties de l’opposition sont à la recherche de la «place Tahrir» pour tenter de renverser le pouvoir. L’opposition aurait-elle besoin d’une «place Tahrir» si le pays disposait d’institutions légitimes ? Certainement pas. En Egypte, la place Tahrir a servi à faire tomber le régime, puis elle a servi à le ramener après un passage par l‘islamisme. Ensuite, il a été recouru une fois de plus à cette même place mais ce fut terminé : la place a parlé deux fois, soit un aller-retour.
En Algérie, il ne peut y avoir de légitimité car personne ne la reconnaît. Il en est ainsi depuis toutes les élections. L’exemple égyptien n’est pas transférable vers l’Algérie. Il fallait balayer le général Hosni Moubarak et le remplacer par l’islamiste Mohamed Morsi. Ensuite, il fallait balayer Mohamed Morsi pour ramener un autre général, Abdelfattah Al-Sissi. La place Tahrir elle-même n’y a pas compris grand-chose.
B. M.
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