Tansferts illégaux de devises : mafia organisée ou actes isolés ?
Par Hani Abdi – Il ne se passe presque plus un jour sans que la Police des frontières ou la Douane n’arrête des personnes qui tentent de faire sortir illégalement de fortes sommes en euros ou en dollars. De l’aéroport international d’Alger à celui d’Oran, en passant par Batna et Constantine, les services de sécurité et les Douanes multiplient les saisies de devises et les arrestations pour infraction à la loi sur la monnaie et le crédit.
L’alerte a été donnée le lundi 3 septembre à l’aéroport international d’Alger, quand les services des Douanes ont saisi une somme de 1,45 million d’euros retrouvée dans les bagages d’un passager à destination d’Istanbul, en Turquie. Depuis cette grosse prise, les services de sécurité ont redoublé de vigilance et multiplié les contrôles des voyageurs à destination de certains pays comme l’Espagne, la France, la Turquie, les Emirats arabes unis et la Chine. Ce dimanche, 47 400 euros ont été saisis à l’aéroport d’Alger sur un passager qui devait se rendre à Dubaï.
En octobre dernier, plusieurs importantes saisies ont été opérées. En effet, la police des frontières a arrêté un quadragénaire qui se rendait à Malaga en Espagne, en possession de 100 000 euros. Durant le même mois, une autre saisie a été opérée sur, cette fois-ci, un ressortissant malien. Une somme de 30 000 euros a été récupérée par les services des Douanes de l’aéroport d’Alger. Au même aéroport, une trentaine d’infractions ont été enregistrées depuis le début de l’année en cours. Plus de 1,8 million d’euros et plusieurs centaines de milliers de dollars ont été saisis. Leurs destinations sont toutes des pays avec lesquelles l’Algérie entretient des relations commerciales.
«Ces tentatives de faire sortir de fortes sommes en devises à l’étranger sont liées à des transactions commerciales», explique une source bien informée. En général, les auteurs de ces tentatives cherchent à faire sortir des devises pour des acquisitions notamment immobilières à l’étranger ou le paiement de marchandises destinées au marché local. Des marchandises qui seront introduites en Algérie de manière informelle. Certains observateurs lient ces tentatives quasi-quotidiennes de transferts illicites de devises à l’étranger à la conjoncture politique. «Les gens cherchent des placements sûrs à l’étranger au cas où ils seraient contraints de quitter le pays pour une raison ou une autre», a souligné une autre source qui estime que les transferts illicites de devises qui aboutissent «sont beaucoup plus importants que les saisies opérées et déclarées».
H. A.
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